Le rail russe : entre défis structurels et perspectives économiques

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La Russie dispose du plus grand espace territorial du monde. Une aubaine pour le pays qui en tire depuis longtemps une grande richesse et lui permet d’établir des relations économiques avec de nombreux autres Etats de la région. Reste cependant la problématique de la gestion des modes de transport permettant d’acheminer personnes et biens à travers l’immensité russe.

Le train au travers de l’histoire russe

L’histoire du train russe débute en 1830, sept ans après la création de la première voie ferrée d’Europe, en France. Sous la directive du tsar Nicolas Ier, la première voie de chemin de fer relie Saint-Pétersbourg et Pouchkine. Ces 25 premiers kilomètres de rails sont une révolution. Avec l’inauguration de cette première liaison ferroviaire en 1837, la Russie entre dans sa révolution industrielle et débute son développement économique. En 1890, ce sont déjà 30 000 kilomètres de voies ferrées qui sont exploités. 

Encore très rurale et agricole, la Russie du XXème siècle mise sur son transport ferroviaire pour relier les villes entre elles et traverser les nombreux territoires vides de toute activité humaine. Entre 1928 et 1932 sous l’impulsion des plans économiques soviétiques, la production de charbon double, tandis que la production d’acier triple. Et ces ressources doivent être acheminées le plus vite possible de leur site de production à leur destination finale. 

Nationalisé depuis 1917, le transport ferroviaire est géré depuis 2003 par la Compagnie des chemins de fer russes (RZD) qui, par ailleurs, a longtemps été -mais ne l’est plus aujourd’hui – actionnaire de plus d’une centaine de sociétés dans des secteurs très différents telles que  l’équipe de football Lokomotiv Moscou ou bien Transmashholding, entreprise d’Iskander Makhmudov.

Un indispensable économique

La Compagnie des chemins de fer russes emploie plus d’un million de personnes à travers le pays. Aujourd’hui, son objectif principal est de moderniser les voies ferrées construites frénétiquement pendant l’ère soviétique. En mauvais état, le réseau ferré russe est en effet source de mécontentement de la part des usagers. Moyen de transport pratique et économique, le train est emprunté par près d’un milliard de personnes chaque année. Il est donc indispensable d’investir et de remplacer les structures vieillissantes. 

Pour faire face à ce chantier colossal de rénovation du réseau ferroviaire, la Compagnie des chemins de fer russes peut compter sur une santé financière exemplaire et sur le soutien de l’Etat russe. Elle peut aussi compter sur des partenariats étrangers tels que les constructeurs Bombardier (Canada) ou encore Alstom (France). Lors de sa création en 2003, la Compagnie prend aussi la décision de privatiser le secteur du fret, permettant à des investisseurs privés d’améliorer les performances ferroviaires du transport de marchandises. 

Car les impératifs sont nombreux. Le transport de fret constitue un enjeu de taille dans le contexte de globalisation actuel. Les acheteurs exigent une marchandise délivrée rapidement et au meilleur prix. De plus, la Russie joue un rôle central dans l’acheminement des produits, notamment des ressources énergétiques, du fait de sa position stratégique sur le continent eurasiatique. Le train revêt donc une importance économique majeure dans ce pays attaché à son industrie.

Une organisation industrielle aux allures de synergie nationale

Trois groupes ferroviaires exploitent actuellement les voies de chemin de fer russes. La holding, Compagnie des chemins de fer russes, doit composer avec des groupes indépendants ainsi qu’avec les sociétés de matériel roulant (locomotives, rames, trains à grande vitesse…). En effet, la chute de l’empire soviétique a permis à de nombreux entrepreneurs d’investir le marché ferroviaire. Dans les années 2000, l’Etat a dû prendre en compte ces entrepreneurs et établir des partenariats afin de rendre le réseau ferré plus performant et compétitif.

C’est à ce moment-là que que le nombre d’intermédiaires explose. Soumis à un environnement économique exigeant, la Compagnie des chemins de fer russes doit acquérir du matériel de quantité suffisante pour répondre aux besoins du pays en termes de transport de personnes et de biens. Elle possède un parc de plus de 20 000 locomotives, 25 000 voitures de passagers et plus de 650 000 voitures de fret. Des investissements massifs sont aussi envisagés pour l’achat de 930 000 wagons dans le cadre d’un programme de modernisation du réseau ferroviaire. Ces commandes sont passées essentiellement à Transmashholding qui fabrique du matériel roulant. La société détenue par Iskander Makhmudov est aujourd’hui le principal fournisseur de la Compagnie des chemins de fer russes, et produit les rames et locomotives au sein de ses diverses usines, notamment la Novocherkassk Electric Locomotive Plant (qui se spécialise en locomotives électriques), la Bryansk Machine-Building Plant ou encore la Kolomna Locomotive Works

Le train russe contribue depuis près de 200 ans à développer économiquement la Russie. Le transport de personnes et de marchandises, soutenu principalement par la Compagnie des chemins de fer russes, revêt une importance capitale depuis que l’internationalisation des échanges économiques a plongé les Etats dans une exigeante course à la compétitivité. Mais la compagnie peut compter sur le soutien d’industriels à l’image de l’homme d’affaires Makhmudov qui fournit l’essentiel du parc de voitures du réseau ferré. 


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