Guerre en Ukraine : peut-on se passer du gaz russe ?

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Depuis le début du conflit en Ukraine, on entend beaucoup parler de notre dépendance au gaz russe et des risques de hausses des prix liées au conflit et aux sanctions infligées à la Russie par la plupart des pays occidentaux. A quel point sommes-nous accros au gaz russe, et quelles pourraient être les conséquences de ce conflit sur notre porte-monnaie ?

40% du gaz de l’UE est russe

La Russie est le premier producteur (20% de la production mondiale) et le premier exportateur mondial de gaz naturel. Elle est également le premier fournisseur de l’Union européenne. 40% du gaz acheté par l’UE est russe.

Les sanctions qui ont été imposées à la Russie (commerciales, bancaires, diplomatiques) pourraient avoir un impact mondial sur le prix du gaz.

Autre paramètre qui pourrait affecter le prix du gaz russe : son transport. En effet, l’une des routes des gazoducs russes vers l’Europe passe par l’Ukraine. L’autre voie est la Biélorussie.

Des situations différentes en Europe

Tous les pays européens ne sont pas dépendants de la même manière au gaz russe. D’abord parce que certains pays sont eux-mêmes producteurs de gaz. C’est le cas de la Norvège ou des Pays-Bas. Mais aussi parce que chaque pays a fait le choix d’un mix énergétique différent. Le choix des énergies privilégiées est fait à l’initiative des Etats et non de l’UE.

La France par exemple, qui produit une électricité peu chère grâce à l’utilisation de barrages hydrauliques et surtout d’un grand parc nucléaire (70 % de la production électrique en France), voit sa dépendance au gaz réduite. A l’inverse, nos voisins allemands qui ont fait le choix en 2011 d’une sortie progressive du nucléaire, n’a pas encore pu remplacer cette énergie par du tout renouvelable, et se trouvent toujours fortement dépendants aux énergies fossiles, notamment au gaz.

C’est notamment pour cette raison que l’Allemagne s’est montrée dans un premier temps plus réticente que ses voisins à l’imposition de sanctions économiques à Moscou.

Par ailleurs, tous les pays européens ne s’approvisionnent pas en gaz auprès des mêmes fournisseurs. Si le gaz russe est prédominant en Europe, ce n’est pas le cas dans l’Hexagone. En effet, la France se fournit principalement en gaz norvégien (à 36%). La Russie ne correspond qu’à 17% de notre consommation (contre 66% pour l’Allemagne).

Quelles conséquences en France ?

Même si la ministre de la transition écologique Barbara Pompili a annoncé le maintien du bouclier tarifaire jusqu’à fin 2022 (plafonnant le prix du gaz au prix d’octobre 2021 pour les particuliers), les finances publiques et le porte-monnaie des Français pourraient être impactés par un augmentation du prix du gaz, qu’ils utilisent ou non ce combustible pour se chauffer ou cuisiner.

Même si la France dépend peu du gaz pour sa production d’électricité et dépend peu du gaz russe, une envolée du prix du gaz pourrait quand même affecter le prix de notre électricité. En cause, la mise en place d’un marché européen de l’électricité, qui a pour conséquence de baser le prix de l’électricité sur le prix du dernier kilowatt/heure produit, celui qui vient en dernier recours, après l’utilisation des énergies renouvelables et nucléaires, et qui est souvent obtenu dans des centrales à gaz.

Autre domaine dans lequel le gaz est utilisé et qui pourrait durablement nous affecter: l’agriculture, notamment pour la confection d’engrais.

Quelles autres alternatives

Même si la Russie est le premier exportateur de gaz au monde, elle ne produit « que » 20% des besoins de la planète. L’Europe pourrait se tourner vers d’autres grands producteurs tels que les Etats-Unis, le Canada ou encore le Qatar, ou même vers la Norvège.

Il est également possible que cette crise diplomatique, faisant suite à celle du Covid, pousse les dirigeants européens à réduire leur dépendance aux pays non-européens en matières premières ou produits manufacturés. La crise ukrainienne pourrait-elle être un accélérateur de la nécessaire transition énergétique ? Pas si sûr, lorsque l’on prend conscience de notre dépendance au reste du monde pour les terres rares et autres semi-conducteurs nécessaires pour produire ou même stocker les énergies dites « vertes ».

Photos : latribune.fr et usinenouvelle.com

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