La pandémie actuelle a accéléré la concentration déjà en cours du marché de la livraison de nourriture, et les rapprochements horizontaux comme verticaux entre acteurs significatifs du secteur se sont multipliés ces dernières semaines.
L’explosion d’une tendance sociétale déjà profonde
“Les livraisons ont progressé en continu durant les trois dernières décennies, mais ces trois derniers mois, elles ont littéralement explosé. Nous avons fait un bond de quatre ans en avant.” Ainsi s’exprimait récemment Scott Gittrich, fondateur de Toppers Pizza, dans les pages de Forbes.
Les différentes mesures de confinement et plus globalement la nécessité de se couper physiquement du monde extérieur en raison de la pandémie est bien évidemment le facteur principal de cette accélération exponentielle du recours à la livraison de repas. Aussi impressionnant soit-il, cet accroissement ne fait que confirmer une tendance de fond des habitudes alimentaires des consommateurs.
L’avènement d’internet et de nouvelles technologies comme le home cinéma ou les smartphones ont généré une ère de cocooning. Tout est désormais à disposition en quelques clics et les sorties de type restaurant cinéma sont de plus en plus vécues comme des corvées comparées à un plateau repas Netflix. Le développement parallèle de spécialistes du “dernier kilomètre” comme Uber ou Amazon a encore accentué cette inclination.
Un secteur encore complexe et éparse
Face à cette explosion imprévisible, il se dessine aujourd’hui un peloton de tête de poids lourds avant l’heure, au sein d’un secteur qui était encore en pleine structuration. Il faut d’ailleurs cerner un peu plus précisément le sujet car il existe non pas une mais “des” offres de services de livraisons, et différents types d’acteurs, plus ou moins spécialisés et interagissant entre eux.
Les premiers à se lancer dans la livraison de repas à domicile furent les grandes chaînes de pizzeria comme Domino’s dès les années 60. Il y a ensuite les “agrégateurs” comme Just Eat, des plateformes proposant aux internautes divers restaurants disposant de leur propre service de livraison.
Viennent ensuite les “agrégateurs-livreurs”, sous forme de plateformes également mais qui effectuent eux-mêmes les livraisons pour le compte de restaurants ne les proposant pas. C’est le cas d’Uber Eats, GrubHub, Postmates ou Deliveroo.
Il existe également désormais des restaurants virtuels ou “fantômes” qui disposent d’une carte, de laboratoires et d’un service de livraison externalisé ou non, mais d’aucun point de vente physique, comme Frichti ou Popchef en France.
L’électrochoc de la pandémie
La brutalité des effets de la pandémie sur la livraison à domicile a généré un mouvement soudain de concentration du secteur. Le marché a été comme forcé à arriver à maturité plus tôt que prévu, et les rapprochements stratégiques se sont multipliés. Ainsi le 10 juin dernier, l’Américain GrubHub a accepté l’offre de fusion-absorption de Just Eat Takeaway.com, géant européen lui-même issu de la fusion de puissants acteurs anglais et néerlandais, pour un montant de 7.3 milliards de dollars.
En avril, c’est Amazon qui voyait sa prise de participation au sein de Deliveroo validée par la Bourse britannique. Ce mois de juillet c’était au tour de Uber Eats de racheter Postmates pour 2.65 milliards, en vue de s’armer pour ce secteur dynamique alors que le transport de clients s’est partiellement effondré.
La logique est simple : si nous n’emmenons plus les gens au restaurant, amenons le restaurant aux gens. Walgreens, le mastodonte des chaînes de pharmacies américain, a quant à lui signé un accord avec DoorDash, jusque-là spécialisé dans la livraison de repas, pour prendre en charge ses commandes de médicaments online durant la pandémie. En France, Carrefour avait racheté DejBox au début de l’année afin de compléter son offre online.
Photos : blog.sandwichshows.com et funfoodthailand.com
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