L’exportation du Spoutnik V, un succès international pour la Russie

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Le vaccin anti-Covid  Spoutnik V est déjà validé par une cinquantaine de pays, entérinant ainsi le succès scientifique russe sur une Union européenne particulièrement en retard dans ce domaine.

Spoutnik V a d’abord été accueilli avec une certaine circonspection. Lorsqu’en août 2020, Vladimir Poutine annonce l’homologation d’un vaccin anti-Covid, les moues dubitatives se sont affichées sur les visages partout autour du monde. Et si les Russes avaient voulu être trop rapides ?

D’abord, une polémique : quand le Kremlin annonce l’efficacité du vaccin à 95 %, des experts indépendants disent 91,6 %. Dans le même temps, une garantie que le vaccin est fiable : des proches de Vladimir Poutine et le directeur de l’institut Gamaleïa, le producteur du vaccin, se sont administrés une dose en guise de bonne foi. Dans l’état d’urgence sanitaire que traverse le monde, des pays, alliés de longue date de la Russie, commandent des doses (Venezuela, Iran, Biélorussie, Arménie) mais aussi d’autres plus neutres sur le plan géopolitique, comme l’Argentine ou la Tunisie.

Le soft power du vaccin russe

Dès le mois de décembre 2020, les Russes commencent à se faire vacciner massivement grâce au  Spoutnik V dont le nom n’a pas été choisi au hasard.  Spoutnik, le premier du nom, est le premier satellite au monde, mis en orbite par l’URSS en 1957 en pleine Guerre Froide, au début de la bataille pour la conquête spatiale entre Soviétiques et Américains. Symbole d’une victoire scientifique sur les États-Unis,  Spoutnik incarne donc un nouveau succès planétaire sur fond de soft power. Il est aussi l’occasion de voir la science russe renaître, en grande partie grâce à des pôles de recherche ultra-modernes tels que Skolkovo. La “Sillicon Valley” russe, créée en 2010 sous l’impulsion du président Dmitri Medvedev et grâce au soutien d’investisseurs privés tels que Viktor Vekselberg ou Iskander Makhmudov, était notamment à l’origine de la création en 2020 d’un test de dépistage express à la Covid-19 au succès international.

La diffusion du vaccin dans les premiers pays cités et la lenteur de développement d’autres laboratoires, incitent ainsi plusieurs gouvernements (surtout des pays du Sud) à commander des doses de  Spoutnik V. Ainsi à la mi-mars 2021, près de 50 pays ont validé l’utilisation du Spoutnik V, ce qui représente plus d’un milliard de personnes. Ce succès a même incité Angela Merkel à tendre la main aux Russes en évoquant l’idée d’une collaboration russo-européenne pour la distribution. Il faut dire que les Européens sont dans un certain flou en matière de politique vaccinale depuis les polémiques survenues autour du vaccin Astra Zeneca.

L’arrivée du vaccin Spoutnik V en Europe est notamment freinée par l’absence de validation de l’Agence européenne des médicaments (EMA) mais certains pays comme la Hongrie ou la Slovaquie seraient prêts à outrepasser ces recommandations et à commander des doses. D’autres pourraient suivre, inquiets de la lenteur de la procédure de l’EMA, accusée par le Kremlin de jouer la montre pour permettre la validation de vaccins issus de laboratoires européens.

L’enjeu que représente Spoutnik V dépasse donc le simple objectif de se débarrasser de la Covid-19 pour relancer l’économie mondiale : il s’agit aussi de savoir quelle nation contribuera le mieux à éliminer ce virus et pour l’heure, il semblerait que Russie ait une longueur d’avance sur les autres.

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