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Bore-out, l’ennui au travail touche près d’un salarié sur trois

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Être payé à ne rien faire, certains en rêvent mais surtout, beaucoup en souffrent. Le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, le bore-out, toucherait 30 % des salariés en Europe. Seulement, dans les sociétés occidentales où le travail est particulièrement valorisé et où le chômage continue de croître, il apparaît malvenu de se plaindre de s’ennuyer au travail. Les souffrances des personnes victimes de bore-out sont pourtant bien réelles et à présent identifiées. Mais comment traiter un mal encore tabou et qui pourrait, en plus, remettre en cause notre organisation sociale ?

En 1940, paraissait « Le Désert des Tartares », l’œuvre-phare de l’écrivain italien Dino Buzzati. Ce roman raconte l’histoire de Giovanni Drogo, un militaire affecté au fort Bastiani en attendant une hypothétique attaque des terribles Tartares. Tout au long du livre, il est question d’attente et d’ennui. L’attente d’une bataille pour laquelle il a été formé et affecté mais qui n’arrive pas. L’idée de ce roman aurait germé de la tête de Buzzati alors qu’il s’ennuyait au travail.

Le héros du roman, Drogo a la possibilité, à un moment donné, de partir et de changer d’affectation et donc de travail mais il se contente finalement de sa situation au fort Bastiani. C’est précisément ce qui se passe pour bien des victimes du syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui : elles devraient quitter leur travail et faire autre chose. Mais bien souvent, ces personnes s’enferment dans leur situation, par honte ou par peur de ne pas trouver un autre travail.

La plus grande menace des salariés du tertiaire est l’ennui au travail

La première étude sur l’ennui au travail a été réalisée en 2005 par AOL et Salary.com. Si elle portait davantage sur le temps gaspillé au travail, pour 33,2 % des personnes le gaspillage de temps de travail était dû à un manque d’activités ou de tâches à accomplir. C’est notamment à partir de cette étude que deux consultants d’affaires suisses, Philippe Rothlin et Peter Werder ont théorisé le bore-out dans leur livre « Diagnosis Boreout ». Ainsi, selon eux, la plus grande menace qui guette le travailleur, surtout dans le tertiaire, c’est l’ennui au travail. Un mal qui peut avoir de graves conséquences.

Si de plus en plus de personnes, notamment des députés, souhaitent que le burn-out, syndrome d’épuisement professionnel dû à un stress professionnel chronique, soit inscrit comme maladie professionnelle, trop peu de cas est fait du bore-out. Pour Rothlin et Werder, le bore-out apparait dans trois cas : l’ennui, l’absence de défi et le désintérêt. Mais dans un contexte où avoir un travail est une réelle chance, personne ou presque ne va se plaindre de l’absence de tâche à effectuer, le salarié va alors s’enfoncer dans un ennui chronique et faire passer le temps comme il le peut.

Les victimes du bore-out aimeraient avoir davantage de travail

Parallèlement, un employé qui ne travaille pas risque d’être taxé de fainéantise. Pourtant les différentes études sur le sujet montre qu’au contraire, les employés victimes de bore-out sont insatisfaits de leur situation professionnelle et préféreraient avoir davantage de travail. Ainsi, en janvier dernier, Christian Bourion a publié un ouvrage intitulé « Le bore-out syndrom. Quand l’ennui au travail rend fou ».

Pour ce dernier, la cause de l’ennui au travail est un système social, hérité des 30 Glorieuses, aujourd’hui largement dépassé. En effet, avec le développement de l’informatique et de l’Internet, entre autre, bon nombre de tâches prennent désormais beaucoup moins de temps qu’il y a 15 ans. Aussi, en France, la politique de recrutement dans la fonction publique n’est pas adaptée à la réalité et ne répond pas forcément à des besoins.

Dépression, épilepsie, suicide

Si faire un burn-out a quelque chose de gratifiant dans le sens où l’on s’est trop investi dans son travail, faire un bore-out est vu comme beaucoup moins glorieux. Pourtant, on estime que le risque de maladie cardio-vasculaire chez une personne atteinte de bore-out serait trois fois plus important. De même, selon Christian Bourion, le bore-out pourrait conduire à la dépression, aux crises d’épilepsie et même au suicide.

La situation est donc très difficile lorsque l’on fait un bore-out, car rien n’existe réellement pour traiter ce genre de situation et aborder le sujet, ne serait-ce qu’avec son entourage, semble délicat. Il faut pourtant prendre le phénomène au sérieux et ne pas hésiter à en parler avec sa hiérarchie, un médecin du travail ou à une organisation syndicale.

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