Leaders sur le marché mondial, elles font partie du top trois dans le monde ou sont numéro un de leur continent, ces entreprises réalisent en moyenne moins de trois milliards d’euros de chiffres d’affaires et sont en général peu connues du public : on les appelle les Champions Cachés.
Le professeur Hermann Simon, président du cabinet de conseil Simon-Kucher & Partners et à l’origine du terme « Champions cachés », ainsi que Stéphan Guinchard, consultant en stratégie, définissent ces leaders selon trois critères : il s’agit des entreprises qui sont numéro 1, 2 ou 3 à l’échelle mondiale, qui réalisent un chiffre d’affaire annuel inférieur à 3 milliards d’euros et qui pourtant sont en général peu connues du public. On ne compte pas moins de 2734 entreprises de ce type dans le monde, dont seulement 300 seraient françaises.
La stratégie des entreprises dites « Champions cachés »
Les Champions Cachés se focalisent sur des secteurs spécifiques qu’elles dominent au niveau national voir mondial. Le choix d’un marché étroit leur permet d’avoir des avantages concurrentiels considérables et de bénéficier d’une proximité particulière avec leurs clients. L’entreprise allemande Uhlmann déclarait d’ailleurs ; « nous n’avons toujours eu qu’un seul client et, à l’avenir, nous n’aurons toujours qu’un seul client : l’industrie pharmaceutique. Nous ne faisons qu’une seule chose, mais nous la faisons bien ». En d’autres termes, le marché, réduit par la focalisation, est en réalité augmenté par la mondialisation de l’activité.
Des ambitions très fortes
Très orientées à l’international, les Champions cachés ne s’appellent pas ainsi sans raison ; ces entreprises ont généralement des objectifs très ambitieux, avec un leadership fort et des employés très performants.
Ces entreprises se distinguent également par leur puissance d’innovation, qui passe notamment par le dépôt de brevets. Le nombre de brevets déposés par millier d’employés serait d’ailleurs cinq fois plus élevé que dans les grands groupes. La Suisse est le pays le plus productif en termes d’innovation, suivi par la Suède et l’Allemagne. La France quant à elle se situe loin derrière.
Une main d’œuvre performante et des dirigeants dynamiques
Dans ce type d’entreprises, le niveau de qualification des employés est élevé et le turnover est faible. Durant les dix dernières années, le nombre d’employés avec un diplôme universitaire a doublé. Les Champions cachés se concentrent donc d’avantage sur la qualification que le coût.
En général, les dirigeants des Champions cachés prennent leurs responsabilités étant jeunes et poursuivent la direction dans l’entreprise. Ces chefs d’entreprises se veulent autoritaires mais participatifs au bon déroulement de la vie sociale, pour favoriser l’esprit ‘familiale’ de ces entreprises. Les PDG restent en moyenne en poste pour 20 ans, contre 6 ans à peine dans les grands groupes.
JC Decaux, LVMH…les Champions cachés français
JC Decaux, LVMH, Bénéteau, L’Oréal, Michelin : ces entreprises sont des Champions cachés français. Elles se distinguent non seulement sur le territoire national mais surtout mondial, tirant leur puissance de l’exportation. Ces entreprises ont toutefois un intérêt particulier sur le sol français puisqu’elles représentent une arme contre le chômage. Selon Hermann Simon, si la France comptait autant de Champions cachés que l’Allemagne, le taux de chômage pourrait passer sous la barre des 7% contre 10% actuellement. D’ailleurs, la France compte 3 à 4 fois moins d’entreprises de ce type par rapport à l’Allemagne. Si elle s’alignait sur nos voisins germaniques, le déficit actuel pourrait se transformer en solde positif.
Comment expliquer le nombre variable de Champions cachés entre les pays ?
L’Allemagne est le pays qui dispose du plus grand nombre de Champions cachés. La « Deutsch Qualität » n’y est pas pour rien, mais c’est également la maîtrise des langues étrangères ainsi qu’une plus forte ouverture vers l’international qui justifie sa place de leader sur le marché mondial pour ce type d’entreprises.
Au-delà de ces facteurs, l’existence des Champions cachés est conditionnée par les possibilités de financement, de recrutement, ainsi que par la solidarité et la coopération entre les grands groupes et notamment les réseaux de PME sous-traitantes. Cela peut ainsi expliquer le nombre variable de Champions cachés dans les différents pays.
La France, selon Hermann Simone et Stéphan Guinchard, sous-estime en réalité la puissance des Champions cachés pour l’économie internationale. Pourtant, ces entreprises ont une importance majeure pour l’exportation. Ainsi, l’Hexagone a tout à gagner en favorisant l’innovation et le développement des PME françaises sur la scène internationale.
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