C’est un secret pour personne, et l’évidence saute aux yeux : les femmes sont sous-représentées dans le secteur de l’informatique. A ce constat se rajoute une seconde problématique, celle du machisme et de la misogynie, mise en évidence lors des récentes affaires concernant Anita Sarkeesian et Zoe Quinn, respectivement bloggeuse et créatrice de jeux vidéo, et qui se sont retrouvées au cœur de polémiques alliant sexisme et insultes en tous genres. Cet état d’esprit nauséabond a-t-il aussi cours dans la Silicon Valley, cet eldorado de la méritocratie, où des entrepreneurs de toute origine et de toute religion ne parviennent à s’imposer que par leur talent et leurs idées ? Le constat est amer, mais une nouvelle dynamique semble s’imposer.
Rares sont les pays où les femmes peuvent se prévaloir d’une parfaite égalité professionnelle avec les hommes. Les Etats-Unis ne dérogent pas à la règle, et, dans les entreprises liées aux nouvelles technologies, les employés masculins représentent 75% du personnel. L’écart se creuse encore lorsqu’il s’agit de postes à hautes responsabilités, occupés par seulement 11% de femmes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et les égrainer correspondrait à une longue litanie : 12% de femmes embauchées comme ingénieurs, 20% comme développeurs, pour une rémunération 23% moindre que celle perçue par les hommes.
Des géants du web qui ne montrent pas l’exemple
Les principales entreprises du secteur high-tech ne constituent malheureusement pas un exemple très probant de diversité. Le cas de Twitter est dans ce sens révélateur : à la veille de son introduction en bourse, en novembre 2013, le site de micro-blogging s’est retrouvé sous le feu de vives critiques. En cause, l’absence de femme dans le conseil d’administration de la société. cette dernière, pour mettre fin à la polémique, a dû recruter au pied levé Marjorie Scardino.
Les autres acteurs de la Silicon Valley ne brillent pas non plus par leur parité hommes-femmes. 62% des employés de Yahoo sont des hommes, statistique qui atteint les 65% chez Facebook et 70% chez Google.
Pourquoi un tel déséquilibre ?
Plusieurs causes sont responsables d’un tel déséquilibre entre les sexes. Le plafond de verre, expression servant à designer la difficulté éprouvée par les femmes à percer au sein d’une hiérarchie, est un problème structurel qui se rencontre encore dans de nombreux secteurs professionnels, dont les nouvelles technologies font partie. Cet état de fait peut à son tour décourager de nombreuses candidates, qui seront tentées d’orienter leur carrière vers un métier où leur talent sera mieux récompensé. Pour rompre cet engrenage, une plus grande attractivité doit être donnée aux technologies de l’information, tout en bousculant la domination masculine en cours. Un tel changement semble s’être amorcé ces dernières années.
Une situation qui doit être nuancée
Toutes les entreprises ne sont pas à montrer du doigt, certaines se distinguant par leurs efforts en faveur de la parité. Xerox, par exemple, est dirigé par Ursula Burns, qui a pris la suite d’Anne Mulcahy, et les postes de directeur financier, de directeur du marketing et de directeur de la technologie sont occupés par des femmes. Si cette situation est exceptionnelle parmi les 6 000 entreprises high-tech de la Silicon Valley, un certain nombre d’entre elles, et pas des moindres, ont été créées ou sont dirigées par des businesswomen. Renee James est à la tête d’Intel, Susan Wokcicki préside Youtube, Safra Catz dirige Oracle, et Virginia Rometty a été nommée PDG d’IBM en 2012. Marissa Mayer, ancienne employée de Google, devenue en 2012 CEO de Yahoo, Sheryl Sandberg, directrice des opérations chez Facebook, et Meg Whitman, PDG de HP, sont considérées comme les trois femmes les plus puissantes du secteur IT.
Les raisons d’espérer
Les mastodontes de l’informatique et du Web s’adaptent eux-aussi. Apple a enfin, en mai 2014, intégré une femme dans son équipe de direction. Microsoft, ancien fief de la masculinité, compte aujourd’hui une directrice financière. Une étude datant de fin 2013 et ciblant la Silicon Valley montre que sur une période de 12 mois, 6 emplois sur 10 ont été confiés à des femmes, dont la représentation dans les nouvelles technologies a bondi de 28% entre 2011 et 2012. En 2014, les inscriptions aux cours d’informatique de l’université de Berkeley concernent pour la première fois une majorité féminine. Des entreprises comme Google ont mis en place des bourses destinées à encourager les femmes à rejoindre le secteur. De telles démarches ne sont pas totalement désintéressées car en règle générale, les start-up fondées ou dirigées par des femmes connaissent des taux d’échec inferieurs à celles créées ou gérées par des hommes, et se priver d’employées féminines constituerait un grave handicap.
Un réel changement est donc en train de s’amorcer dans une Silicon Valley encore en proie aux préjugés et au sexisme, et qui semble avoir oublié le rôle joué par les femmes dans l’informatique. Pionnières des langages de programmation, talentueuses opératrices sur des machines complexes, ou même créatrices du Wi-Fi, leur place dans les NTIC ne souffre aucune contestation.
Jan 06, 2015 - 10:55 PM
Yahoo, IBM, Intel… la place des femmes dans des postes de réels pouvoirs est quand même assez significative dans ce domaine. De plus, je suis peut-être un cas à part, mais je ne vois pas en quoi 60% d’employés hommes est un scandale, ni même pourquoi a priori il faudrait penser par sexe lorsqu’on pense travail.