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« Brown-out » : quand l’absurde s’invite au travail

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La vie d’un salarié peut s’avérer bien périlleuse. Si les cadences sont trop élevées et la pression trop forte, ce dernier risque le « burn-out », syndrome proche de l’épuisement tant physique que psychique. Si au contraire son travail est rempli de tâches monotones, c’est un profond sentiment d’ennui, appelé « bore-out », qui le guette. Si ces deux pathologies aux conséquences parfois sérieuses sont bien connues des médecins du travail, un autre syndrome, encore peu étudié, semble en plein essor : il s’agit du « brown-out ».

Ennui et insatisfaction

Le « brown-out », qui pourrait se traduire par « baisse de courant », est une pathologie récemment mise en lumière par des médecins, des sociologues et des psychologues spécialisés dans les maux professionnels. En cause : le sentiment d’absurdité et d’inutilité ressenti par certains salariés, issus en majorité du secteur tertiaire. David Graeber, un anthropologue américain, avait déjà dénoncé dans une tribune en 2013 la prolifération des « bullshit jobs » (comprendre « travail à la con »), accompagnant les progrès technologiques. Des progrès qui auraient entraîné la multiplication de métiers aux tâches jugées incohérentes et vaines par le salarié qui les exerce. Ce sentiment d’inutilité peut aussi se doubler d’un profond malaise si le salarié est amené à effectuer un travail qui va à l’encontre de ses convictions sociales, écologiques ou humaines.

Des symptômes pas si anodins

Cette perte de repères dans l’entreprise se traduit par une baisse de motivation, un désengagement ou même une léthargie éprouvée par un salarié qui ne comprend plus le sens de son travail. Cet état d’esprit peut entraîner fatigue, troubles de communication, désocialisation et perte de créativité. Ce mal-être déborde parfois sur la vie familiale : un salarié touché par ce syndrome aura tendance, selon le psychologue Cary Cooper, à adopter une humeur maussade ou, au contraire, à se montrer agressif envers ses proches. Tous ces symptômes ne sont pas éloignés de ceux causés par une dépression ou par la traversée d’une profonde crise existentielle.

Sociologie du « brow-out »

En France, aucune étude statistique ne s’est encore intéressée à ce phénomène qui toucherait 40 % des cadres aux Etats-Unis. Ce sont les trentenaires qui sembleraient les plus concernés par le syndrome du « brown-out ». Ces diplômés fraîchement arrivés dans le monde de l’entreprise seraient confrontés à la désillusion d’une réalité plus sombre que ce qu’ils avaient espéré. Les réunions inutiles, le langage « corporate » affublé d’anglicismes masquant la vacuité des tâches, l’obsession du chiffre comme unique objectif finiraient d’enterrer les illusions de ces employés forcés de s’intégrer dans un moule qu’ils ne comprennent pas.

La jeune génération n’est pas la seule à être touchée par ce sentiment d’inutilité. Marc Estat, ancien cadre dans une multinationale, évoque dans son livre « Néantreprise, dans votre bureau, personne ne vous entend crier » (Editions Favre) un quotidien qui confine à l’absurde et la démotivation qui s’ensuit. Ce journal de bord, écrit au vitriol, dénonce des pratiques auxquelles de nombreux employés ont été confrontés.

Comment s’en sortir ?

Si le syndrome n’est pas encore reconnu par la médecine du travail, des solutions existent heureusement pour se sortir de cet engrenage. Tenter de redonner un sens à son travail, en se lançant de nouveaux défis ou en s’impliquant dans de nouveaux projets atténuera ou fera même disparaître le sentiment d’inutilité lié au « brown-out ».

Il convient aussi de séparer sa vie professionnelle de sa vie privée. Cesser de consulter ses messages et d’être disponible 24 heures sur 24 pour son entreprise permettra de se réserver d’autres activités, sportives ou familiales. Les stages qui ont pour but d’aider à redonner du sens à son travail fleurissent, tout comme les psychologues spécialisés. Enfin, le « brown-out » peut aussi donner l’occasion d’envisager, pourquoi pas, une nouvelle orientation professionnelle.

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  1. bernard
    Déc 24, 2016 - 03:51 PM

    la satisfaction au travail est fonction de nombreux facteurs sur lesquels la gestion des ressources humaines peut agir : http://www.officiel-prevention.com/formation/formation-continue-a-la-securite/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=139&dossid=464

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