Relocalisation: les industriels français favorables

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C’est l’un des enseignements de cette crise du Covid-19: notre pays, et l’Union européenne en général, sont trop dépendants de puissances extérieures. Nous l’avons vu pour les approvisionnements en masques, en matériel médical et en vaccins au plus fort de la pandémie. Nous le remarquons désormais sur les matières premières dont les prix flambent à l’heure de la reprise économique.

Les politiques et l’opinion publique semblent se poser la question, et il est fort à parier que la question sera au centre des débats de la campagne présidentielle à venir. Les industriels eux-mêmes seraient prêts à faire ce pari. C’est en tout cas ce que met en lumière une enquête de BPIFrance intitulée « Résister et se relever » publiée cet été. Mais le défi de la relocalisation de notre économie est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Peut-on tout relocaliser?

Le monde dans lequel nous vivons est hautement interdépendant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une crise économique ou sanitaire survenant à 15.000 kilomètres de chez nous a des conséquences sur la planète entière. 

Nous sommes tout d’abord fortement dépendants de l’étranger pour nos matières premières, à commencer par celles nécessaires à notre production énergétique et qui ne sont pas présentes en quantité suffisante dans notre sous-sol : le gaz, le pétrole, l’uranium…

Ensuite, nous n’importons pas des produits manufacturés uniquement pour bénéficier de coûts de production faibles, mais aussi pour profiter d’une expertise bien implantée.

Les pièces composant un smartphone ou une voiture proviennent de dizaines de pays différents. La complexité des produits manufacturés que nous produisons nécessite de disposer d’entreprises hautement spécialisées dans certaines étapes de leur production. Taïwan par exemple, s’est spécialisée dans la livraison de semi-conducteurs, quand l’Allemagne est célèbre pour ses machines outils et la France pour les produits de luxe. 

Désire-t-on réellement relocaliser notre industrie?

L’industrie, ce sont des emplois, mais ce sont également des nuisances, de la pollution de l’air, des sols, du bruit, une grande occupation de l’espace…

A tort ou à raison, les opinions publiques sont de plus en plus frileuses à voir de nouvelles constructions dégrader l’environnement et leur qualité de vie. Nous avons pu l’observer par exemple concernant le projet avorté d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, mais surtout concernant les constructions d’éoliennes, dont beaucoup sont bloqués suite à des recours de riverains.

Si à la sortie de cette crise sanitaire les Français (et les entrepreneurs) semblent majoritairement favorables à un rapatriement de notre industrie pharmaceutique par exemple,  qu’en sera-t-il dans les faits? L’implantation d’usines chimiques nécessaires à la fabrication de nos médicaments ne sera-t-elle pas systématiquement bloquée par des riverains et élus locaux inquiets pour leur sécurité et leur santé?

Relocalisation n’est pas nécessairement synonyme de création d’emploi

En réalité, un mouvement de relocalisation s’était déjà engagé avant la crise du Covid-19. Ce mouvement était impulsé par deux tendances. 

La première est la hausse des salaires dans certains pays dans lesquels nous avons délocalisé notre production. A commencer par la Chine qui elle-même délocalise ses  propres productions dans d’autres pays à la main d’œuvre moins chère.

La deuxième est la robotisation croissante des usines, qui permet de produire jour et nuit avec un nombre limité d’employés. Il devient alors de plus en plus simple et plus économique (mais aussi plus écologique) de rapatrier des sites de production au plus près des consommateurs finaux. Mais la promesse de création d’emplois n’est pas pour autant au rendez-vous.

Relocaliser en France ou dans l’Union européenne?

Les débats sur la relocalisation des moyens de production ont lieu dans tous les pays développés à la suite de la crise du Covid-19. Mais l’enjeu ne serait-il pas européen? La France est membre d’un espace de libre circulation des travailleurs, des consommateurs, des capitaux, des produits et des services. 

Le projet européen a été fondé sur une alliance économique, avec la « Communauté européenne du charbon et de l’acier », puis la « Communauté économique européenne ». Ne serait-ce pas le sens de l’Histoire de tendre à créer un espace européen cohérent économiquement, et de plus en plus indépendant des puissances extérieures?

Encore faudra-t-il, sur le terrain économique, créer les conditions inverses de celles qui ont conduit à cette délocalisation dramatique de notre industrie.

Sources des photos : reuters et socialistesuniversitaires.fr

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