OuiCar

La SNCF et la startup OuiCar

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Le 25 juin dernier, la SNCF a acquis la majorité de la startup OuiCar. A l’heure où le train est en crise, le directeur de la compagnie ferroviaire fait donc le pari de la voiture. Les 28 millions d’euros injectés comptent parmi les plus gros investissements du secteur. Désormais, ses 8 millions de clients au quotidien pourront louer des voitures aux particuliers en sortant de la gare à parti de 10 euros.

De Meetic à OuiCar

Le site d’autopartage entre particuliers OuiCar.fr a été créé en 2013. Cette startup ne révèle pas son chiffre d’affaire mais sa croissance a quadruplé en un an. Grâce à la SNCF, la toute jeune entreprise espère agrandir son parc automobile de 20 000 à 100 000 véhicules en France d’ici 2018.

OuiCar.fr a pu connaître une telle évolution grâce au soutien financier des deux fonds d’investissements Jaina Capital, créé par le fondateur du célèbre site français de rencontres sur Internet Meetic, et Ecomobilité Ventures, spécialisé sur la mobilité durable. En 2012, ces derniers avaient investi 3 millions d’euros en 2012 pour son développement en France.

L’idée de OuiCar est de rentabiliser la voiture des particuliers. En effet, un véhicule reste immobilisé la plupart du temps. En changeant le rapport à la voiture dorénavant basé sur l’usage et non la propriété, OuiCar permet de la louer à son voisin à partir de 10 euros par jour mais également d’économiser de l’argent en louant celle des autres. Si l’idée semble aujourd’hui banale face au succès que connaissent les sites d’autopartage en France comme BlaBlaCar ou Drivy, il n’a pas été facile de la rendre pratique. Les entreprises d’assurances ont en effet mis du temps à faire partie du concept.

L’autopartage est un succès en France depuis 2011 mais les premières tentatives datent des années 1970, directement inspirées des expériences suisses dans le domaine de la gestion des transports en commun. Il s’agissait alors de n’utiliser une voiture que ponctuellement. Le concept a aujourd’hui évolué : plutôt que de changer les mentalités pour n’utiliser un véhicule qu’exceptionnellement, il s’agit de le rentabiliser.

Utiliser la voiture pour sauver le rail ?

La rentabilité est d’ailleurs le plus grand problème actuel de la SNCF qui n’a pas d’autre choix que de diversifier la mobilité. Devant les prix souvent dissuasifs du train et sa grande perte de terrain, la société ferroviaire veut proposer un billet incluant rail et route pour doubler la part de marché de la mobilité partagée d’ici les quinze prochaines années.

En un an, la SNCF a perdu 200 millions d’euros en raison de la désaffection des voyageurs et en perdra 450 millions si rien n’est fait d’ici 2016. Depuis 2011, le trafic voyageur de la société nationale a reculé de 20%. Cette dernière table également sur une perte de 30% de ses parts de marché sur les trains régionaux d’ici 2022. Une année durant laquelle la mise en concurrence du marché du rail doit être opérationnelle selon une directive de l’Union européenne adoptée en 2009 et imposée à tous ses États membres.

Retard sur la concurrence du marché du rail dû à l’enjeu électoral de 2016

L’État français avait annoncé le début de cette expérience pour le marché des TER en 2015 mais a revu sa position le 8 juillet dernier malgré les recommandations qui lui ont été adressées. Ce dernier a estimé cette année comme une échéance trop rapide. Beaucoup d’opérateurs privés, critiques de cette décision, considèrent que ce retard est surtout dû à l’enjeu électoral de 2016. Selon eux, le gouvernement ne peut pas se permettre de perdre une popularité déjà toute relative si proche d’une nouvelle élection.

Collaborer avec des sites d’autopartage n’est pas une première pour la SNCF qui a déjà mis en place des locations de véhicules avec Avis et ZipCar et même le site iDVROOM. L’acquisition de de OuiCar appartient donc à une stratégie de plus grande ampleur pour la SNCF. Alors que l’avenir du train est en suspens, la SNCF vient de signer une nouvelle convention avec l’État pour les années 2016-2020. CE dernier a annoncé qu’il investirait 1,5 milliard d’euros pour renouveler le matériel ferroviaire. Le président de la SNCF préfère en effet se concentrer sur la maintenance de lignes déjà existantes plutôt que la création de nouvelles lignes. Cette stratégie sera-t-elle gagnante ? A suivre…

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