L’aviation low-cost est à une croisée des chemins. Tandis que de nombreuses compagnies mettent la clé sous la porte (Monarch), subissent des pertes énormes (Norwegian) ou font face à des mouvements sociaux de grande ampleur (Ryanair), Easyjet affiche des résultats très positifs.
La compagnie britannique s’affirme en effet comme la compagnie du moment et les résultats qu’elle a publié pour son exercice 2017-2018 font état d’une très bonne santé. Sur cette période, elle a dégagé un bénéfice de 358 millions de livres (400 millions d’euros). Un chiffre en hausse de 17 % par rapport aux résultats précédents.
92,9% de taux de remplissage
Elle a attiré 10% de passagers en plus d’une année sur l’autre pour atteindre un total de 85 millions de personnes transportées. Un siège lui rapporte 70,02 euros en moyenne tandis qu’il lui coûte, en global, 64,60 euros. Avec un taux de remplissage de ses avions de 92,9 % (hausse de 0,3 %), Easyjet ne vole pas souvent à vide et peut ainsi atteindre un chiffre d’affaires de 6,6 milliards d’euros, ce qui la place en tant que leader des compagnies low-cost en Europe (Ryanair, avecun recul de 7 %, atteint un chiffre d’affaires de 4,79 milliards d’euros).
Cette impressionnante dynamique à l’heure où la concurrence s’effondre résulte de plusieurs facteurs. La fiabilité d’Easyjet n’est plus à démontrer tandis que ses concurrents ont tendance à s’habituer aux retards. La compagnie britannique a aussi profité des difficultés d’une Ryanair embourbée dans des mouvements sociaux de grande ampleur qui ont aussi fait très mal à son image de marque. Le nombre important de vols annulés par l’entreprise irlandaise a bénéficié à Easyjet qui n’a pas eu à subir de grèves majeures dans ses rangs.
Une clientèle d’affaires
La marque à la livrée orange mise également sur une fidélisation de la clientèle. En intégrant les aéroports centraux, elle prend le parti de payer des redevances plus élevées mais d’attirer la clientèle d’affaires qui présente l’avantage d’avoir un meilleur portefeuille et d’utiliser davantage les services proposés : restauration à bord, choix de siège, bagage supplémentaire… En s’excentrant vers des aéroports périphériques mais moins coûteux en redevance (Beauvais, Charleroi…), des compagnies comme Ryanair se privent de la clientèle d’affaires, plus pressée et plus exigeante.
La bonne santé d’Easyjet lui donne de l’appétit. Elle vient de confirmer la commande de dix-sept Airbus A320 néo d’une valeur catalogue de 1,66 milliard d’euros. Elle a également formulé trois offres d’achat de la compagnie italienne Alitalia après avoir déjà acquis Air Berlin fin 2017.
L’action en Bourse ne décolle pas
L’achat de cette dernière pèse d’ailleurs dans les comptes puisqu’il a fallu, en plus du prix de vente, intégrer le personnel et les vingt-cinq appareils A320. Et même si les activités d’Air Berlin ont ramené 223,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, cette acquisition a coûté environ 170 millions d’euros.
Ce poids important explique en partie pourquoi l’action d’Easyjet n’a pas plus décollé en Bourse même si la direction estime que la période de transition est désormais passée et digérée et que d’autres raisons interviennent. Pour se prémunir des grèves, Easyjet a procédé à des hausses de salaires qui se répercutent forcément dans les comptes de l’entreprise, sans compter les grèves des contrôleurs aériens en France qui ont eu un impact néfaste sur le trafic.
La hausse du prix du kérosène pour 2019 devrait également impacter sur le prix moyen du billet même si les réservations sont déjà bien avancées sur le premier semestre de la nouvelle année. Par ailleurs, la future application du Brexit suscite beaucoup d’inquiétude mais Easyjet se veut rassurante sur ce point et anticipe en développant sa base autrichienne de Vienne où siège la filiale Easyjet Europe. 140 appareils devraient être transférés et enregistrés à l’aéroport de Vienne d’ici au 29 mars 2019, date officielle du début du Brexit. Après un décollage réussi, Easyjet semble anticiper sereinement les turbulences à venir.
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