consultech

Conseil : l’avènement de l’entrepreneuriat individuel ?

Share Button

Le monde du conseil est en parfaite santé et en progression constante tant aux États-Unis qu’en Europe. Il a atteint un chiffre d’affaire global de 5,9 milliards d’euros en France en 2016 (+8,5 %). Et si globalement le marché reste dominé par le Big Four (+19,6 %), il connaît une mutation grâce à Internet. L’ubérisation en cours du secteur pose les bases d’un modèle moins coûteux et donc plus accessible à une clientèle constituée de PME/TPE.

Dès 2013, Clayton Christensen, Dina Wang et Derek van Bever prédisaient la reconfiguration du secteur. Dans « Consulting on the Cusp of Disruption », ils expliquent que « les forces qui ont changé tant d’entreprises commencent à remodeler le monde du conseil ». En effet, face à des concurrents arrivant sur le marché avec un nouveau business model, les acteurs historiques choisissent de se positionner sur des produits à forte marge, laissant du champ libre aux ConsulTech.

La montée en puissance des ConsulTech

Ces ConsulTech s’appuient sur une organisation fédérant ponctuellement les meilleures ressources et expertises, en fonction du besoin d’un client. Ce modèle présente à la fois des avantages financiers et opérationnels : d’un côté il limite notamment les coûts de structure et de l’autre s’affranchit d’une hiérarchie parfois pesante. Et le phénomène monte en puissance. Ainsi HourlyNerd, fondé en 2013 au cœur de la Harvard Business School, mobilise 9000 experts, soit autant que McKinsey dans les années 1920.

En France, Experdeus cherche à se faire une place sur le marché. La plateforme lancée par Ibrahima Fall met en relation des clients porteurs de projets et des consultants référencés dans une base de données. Pour son créateur, le modèle de ConsulTech permet d’étendre le marché du conseil « grâce à des prestations payées à leur juste prix, à un taux de pénétration plus important du consulting dans les petites et moyennes entreprises ».

Elargir l’offre de conseil aux PME/TPE

Le chiffre d’affaire du marché français du conseil, aussi bien portant qu’il soit, présente encore des possibilités de progressions considérables. Le secteur englobe une palette de prestations, souvent coûteuses, que seules les grandes entreprises peuvent se permettre. La moitié des PME et 70 % des TPE n’ont jamais sollicité un cabinet de conseil alors qu’elles représentent 94 % des entreprises hexagonales. Mais l’aspect financier n’est toutefois pas l’unique frein : identifier le bon interlocuteur, qui est ordinairement une tâche fastidieuse, refroidit bien souvent les éventuels clients. Ces perspectives de croissance ont convaincu bon nombre d’experts à se lancer et créer leur propre cabinet de consulting.

Trois-quarts des consultants indépendants satisfaits de leur situation

Pour le consultant, travailler de manière indépendante n’est pas une simple affaire. L’activité de prospection indispensable est particulièrement chronophage. De plus, s’il a une maîtrise technique de ses domaines de compétences, le consultant est souvent moins aguerri aux techniques de ventes. Le développement de plateformes telles que HourlyNerd ou Experdeus pourrait pousser de nombreux employés attirés par plus de flexibilité, à sauter le pas et grossir les rangs de cette nouvelle forme d’entrepreneuriat.

Une étude récente menée au Royaume-Uni par Odgers Connect auprès de 400 consultants freelancer montre que le passage à l’auto-entrepreneuriat est souvent volontaire. Près des trois-quarts des interrogés ont dit avoir voulu reprendre la main sur leur carrière et leurs projets. Plus de 60 % d’entre-eux pensent par ailleurs être encore indépendants dans cinq ans. La raison financière n’est pas non plus à exclure puisque plus de la moitié gagnaient davantage en étant à leur compte.

L’évolution de l’auto-entrepreneuriat dans le conseil est aussi une question de génération. Les millenials qui constituent la population de travailleurs dorénavant sont plus enclins à la mobilité et à multiplier les expériences auprès de différentes équipes pluridisciplinaires. Le phénomène devrait enfin avoir une influence sur les pratiques managériales des cabinets de conseil historiques qui pourraient s’inspirer de ce qui se fait dans les ConsulTech, ce malgré les difficultés inhérentes à la mise en place de processus d’auto-disruption.

Share Button

Articles liés

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'un *

Copyrıght 2013 FUEL THEMES. All RIGHTS RESERVED.