« Fabriquer autrement, c’est fabriquer ensemble », telle est la devise du comaking, un concept issu d’une vision économique collaborative et participative en vogue ces dernières années.
Mutualisation, partage, coopération ont longtemps été oubliés du jargon entrepreneurial. On assiste à un changement radical dans les comportements alliant consommation, production collaborative et financements participatifs via l’espace 2.0. Ce renouveau conceptuel émerge aux Etats-Unis et plus particulièrement à San Francisco, capitale de l’économie de partage. Une idéologie déjà bien répandue avec la réussite fulgurante d’Airbnb et l’hébergement entre particuliers, ou encore celle de BlablaCar et le covoiturage.
Dans cette continuité, après le triomphe du coworking, c’est le comaking qui séduit les Français et notamment les petits entrepreneurs et indépendants. Mais qu’est-ce donc que le comaking? C’est un espace collectif de partage de moyens de production avec son lot de savoir-faire dans un savoir vivre quotidien. C’est favoriser l’utilisation à l’appropriation pour une production à faible coût.
Laboratoires de productions ou ateliers collaboratifs selon la nature et l’utilisation, les différentes dénominations des espaces de comaking peuvent être source de confusion. Quelques petites précisions : on appelle “marketspace” les espaces d’apprentissage de savoirs dédiés aux particuliers manuels et bricoleurs. C’est l’avènement du “Do It Yourself”. Les “fablabs” sont des ateliers qui se tournent vers le même principe bien qu’ouverts à un plus grand public dans un large panel de domaines. Ces marketspaces et fablabs sont souvent soutenus par des appels à projets publics venant d’institutions/établissements. Un projet est actuellement en cours au musée du Louvre organisé par le ministère de la Culture et de la Communication: « Ateliers numériques : Tous à l’œuvre !”. Enfin, derniers nés du comaking, les “techshops” sont des ateliers créés par des entreprises privées pour un libre accès à des outils de production de haute qualité et des formations professionnelles; un lieu incontournable pour toute start-up.
A l’heure actuelle, le comaking et plus particulièrement les “techshops” connaissent un succès grandissant dans le monde des entreprises. On compte une petite dizaine d’ateliers dans toute la France. Et ce n’est qu’un début…
Un concept en plein en essor en Hexagone
Sur la scène parisienne, de nombreux ateliers ont été créés. L’atelier “Draft”, ouvert en juin 2014 en est un exemple. Au cœur de la halle Pajol, c’est un espace de 130m2 mêlant atelier numérique, bois et textile. L’innovation de Draft, c’est sa e-boutique où sont vendus les produits fabriqués “made in Draft”.
Dans la région, d’autres ateliers ont également ouvert leurs portes : Woma, Maker/seine, Mon atelier en ville … Et ce principe du comaking est arrivé jusqu’en province: Toulouse avec Artilect, Bordeaux avec Le Garage Moderne ou encore Lille avec Mutualab.
Le principe est donc simple: accompagner à la concrétisation de projets et produits de leur conception à leur distribution, que ce soient des projets personnels de création d’entreprises ou des projets collaboratifs jouant sur la participation et un partage de compétences de différents acteurs, le “Do It With Others”.
« Et c’est tout bénéf ! »
Artiste, ingénieur, architecte, jeunes diplômés, micro-entrepreneurs, particuliers…le comaking est fait pour tous.
C’est un espace où l’interdisciplinarité est reine. Toutes les technologies numériques innovantes sont réunies pour mettre en œuvre tous types de projets/produits : de l’outillage de marquage (craies) à l’outillage de modélisation (imprimante 3D). L’atelier peut être séparé en plusieurs zones: celle dédiée à la couture, une autre à la photographie…
Le but est donc de fabriquer un objet/projet de qualité, rapidement et à moindre coût. Un lieu propice à l’essai et au prototype d’objets/projets. Mais c’est également un endroit où la dimension technique se mêle à la dimension sociale. De nombreuses formations sont mises à dispositions des plus inexpérimentés; initiation à l’impression 3D, à la découpe laser, conseil en développement de projets.
Les ateliers collaboratifs sont donc un lieu où la difficulté technique et financière de réalisation de ses idées et projets laisse place à la créativité. Ces espaces de savoir-faire, de recherche et d’expérience donnent une chance à chacun de se lancer avec un investissement minimal. En ces temps de crise économique, où il est d’autant plus rare d’obtenir des aides auprès d’institutions publiques, le comaking semble être une solution idéale au manque de moyen et d’expérience de jeunes entrepreneurs.
Fév 24, 2015 - 08:52 PM
Un nouveau modèle pour les entreprises qui favorisera certainement la créativité. Espérons que cette manière de fabriquer soit créatrice d’emplois.