La robotique investit peu à peu tous les aspects de la vie quotidienne, même les plus intimes. La société RealDoll, basée à San Diego, Californie, a par une récente annonce laissé entrevoir le potentiel d’un « robot-sexuel » à la pointe de la technologie.
The futur of sex
L’entreprise affiche clairement son ambition de créer, d’ici 2017, une poupée capable non seulement de satisfaire les besoins physiques de ses acquéreurs, mais aussi de communiquer avec eux. Si le corps du robot demeure le même que celui des poupées déjà proposées par la marque, la tête, quant à elle, recréera toute une palette d’émotions. Grâce à une multitude de moteurs, les yeux, les paupières, les lèvres et la bouche s’animeront en fonction de la situation. Ils seront pour cela assistés par un programme d’intelligence artificielle capable d’analyser le contexte et réagissant selon les désirs de l’utilisateur.
L’interaction avec le robot s’effectuera par des échanges vocaux, mais aussi par l’intermédiaire d’une application pour smartphone. Enfin, pour pimenter les relations, il sera aussi possible de chausser une paire de lunettes de réalité virtuelle.
« Rolls-Royce » de la poupée sexuelle
Dirigée par Matt McMullen, son charismatique fondateur, RealDoll fabrique depuis vingt ans des poupées à forme humaine destinées aux loisirs les plus inavouables. Depuis le lancement de la marque, la qualité des créations a suscité une couverture médiatique inestimable pour l’entreprise. Les créatures de silicone sont invitées sur les plateaux de télévision, s’affichent aux côtés des stars du show-biz et Matt McMullen multiplie les interviews.
Depuis 1996, plus de 5 000 poupées sont sorties des chaines de production. Tout est personnalisable, de la couleur de la peau au type de manucure, en passant par la pilosité. Les parties intimes sont elles aussi entièrement paramétrables. C’est donc sur la base d’un tel corps que viendra se greffer la tête bourrée de capteurs et animée par l’intelligence artificielle promise par leur créateur.
Realbotix : innovation ou révolution ?
Une telle annonce n’a pas manqué de relancer le débat sur des objets sexuels de plus en plus perfectionnés. Le projet Realbotix dévoilé par Matt McMullen parait une adaptation logique de la technologie à des pratiques séculaires. Dans un temps reculé, les marins agrémentaient leurs longues traversées avec des « Dames de voyage » en chiffons. Dès les années 1930, les premières poupées gonflables embarquent à bord des sous-marins allemands et japonais. Si la silicone a remplacé le vinyle d’antan, ces poupées n’avaient pas connu de véritable transformation jusqu’à l’arrivée des poupées RealDoll.
Basées sur une ressemblance aussi fidèle que possible avec un être humain, ces sextoys très particuliers avaient provoqué des réactions mêlant attraction et répulsion. Quel sera l’impact sociétal de ces objets dotés d’une intelligence artificielle, qui tiendront une conversation avec leur utilisateur tout en satisfaisant leurs désirs ?
Abolition des frontières entre l’humain et le robot
Pourtant, Matt McMullen se défend de vouloir proposer une réplique trop semblable à un être humain. Selon lui, toute ressemblance trop poussée pourrait perturber l’utilisateur et induire un effet de dégoût. Ce ne serait qu’en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit que d’une machine que son propriétaire pourra réellement éprouver du désir pour ce qui ne reste qu’un objet.
Loin d’un symptôme de désocialisation ou d’isolement, l’utilisation de ces poupées pourrait, toujours selon McMullen, pimenter la vie d’un couple ou aider les personnes en détresse sentimentale et sexuelle. Pour l’heure, une enquête effectuée auprès des acquéreurs de poupées sexuelles démontre qu’il s’agit pour l’essentiel d’hommes d’âge moyen et célibataires. Mais l’arrivée des Realbotix pourrait changer la donne en touchant un public plus large et provoquer chez certaines personnes un attachement sentimental cette fois-ci bien réel.
Se marier avec son robot
L’arrivée sur le marché, en 1999, du robot-chien Aibo, commercialisé par Sony, a démontré que des possesseurs de l’objet pouvaient établir des liens affectueux envers une machine. Dès lors, une relation sentimentale ou amoureuse avec un robot humanoïde doté d’un simulacre d’intelligence parait plausible. Faisant le bonheur des écrivains et des cinéastes, un tel scenario pourrait passer de la science-fiction à la réalité au cours des prochaines décennies.
Si le coût d’une Realbotix devrait avoisiner, à sa sortie, la somme de 10 000 dollars, la technologie pourrait à terme se voir proposée à des prix nettement plus attractifs. L’arrivée de ces poupées, dont une version au corps entièrement robotisé est déjà à l’étude, pourrait entrainer l’émergence de nouvelles relations homme/machine bouleversant la société. Matt McMullen avoue à ce sujet avoir reçu plusieurs témoignages de clients désirant épouser leur poupée. Si la situation peut paraitre à priori cocasse, elle soulève néanmoins des questions éthiques, philosophiques et sociétales qui ne manqueront pas d’alimenter les débats futurs.
Août 29, 2015 - 02:32 AM
Wouaouh. Pourquoi pas! C’était logique. C’est à la fois troublant, étrange et cela fait peur. Que restera-t-il de l’humain, puisque l’humain risque de devenir ce qui est imparfait par nature.