Karine Renouil-Tiberghien valorise le Made in France

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L’entrepreneuse, cofondatrice de la Manufacture de Layette et Tricots (MLT), réussit à prouver que le Made in France peut être un pari gagnant.

Après la liquidation de l’entreprise Camaïeu, les deux cofondateurs du groupe MLT (Manufacture de Layette et Tricots) étaient enthousiastes à l’idée de reprendre l’entreprise pour en faire une marque Made in France. Mais les enchères qui se sont tenues en décembre 2022 ont dépassé leurs attentes et ils ont dû renoncer. « Je suis déçue, c’est évident, mais je n’ai pas de regret. Les enchères sont montées tellement vite que très rapidement, nous n’avons pas pu aller plus loin » exprimait alors Karine Renouil-Tiberghien. 

L’ex-adjointe aux finances à Nogent-sur-Marne et candidate aux municipales 2014 a en effet connu un parcours spectaculaire dans la relance d’industries textiles. En sept ans, avec son associé Arnaud de Belabre, elle a réussi à remettre sur pied trois entreprises de maille en s’appuyant sur une production locale.

L’industrie textile était déjà une histoire de cœur pour Karine, originaire d’une famille de « textiliens » du Nord. En effet, son grand-père ch’ti avait fait faillite à la fin des années 1970, à l’instar de nombreux tisserands. “C’était la première vague de faillites, avant celle des années 2000 qui a fait suite à la suppression des quotas chinois“, explique-t-elle. De 2000 à 2010, c’est l’hécatombe, et ceux qui survivent peinent à le faire.

Diplômée de l’école de commerce de Toulouse, Karine Renouil-Tiberghien commence sa carrière chez Arthur Andersen, cabinet de conseil, et l’a poursuivie durant une quinzaine d’années dans les directions financières de plusieurs groupes en audit des acquisitions. Et un jour ce fut le déclic : « J’en avais assez de donner des conseils. Je voulais reprendre une entreprise, pour agir et pas uniquement dire ce qu’il faut faire. »

Un tiers de la production 100 % Made in France

Lorsqu’en 2016 elle visite MLT, située alors à Tarbes, elle sait immédiatement que sa place est là ! Son partenaire, Arnaud, est un convaincu du Made in France. Ils se lancent alors dans l’aventure. Et cela fonctionne. L’activité de la MLT est en constante progression. Son chiffre d’affaires triple en six ans, et les douze salariés d’alors sont aujourd’hui vingt-cinq. Progressivement, MLT propose de plus en plus de pièces 100 % Made in France alors qu’auparavant le découpage et l’assemblage étaient effectués au Maroc. Et même si le coût est plus élevé, il y a une vraie demande pour ces produits Made in France qui représentent aujourd’hui un tiers de la production.

Les deux associés ont depuis repris deux autres sociétés, Jean Ruiz en 2018, et l’atelier Marcoux Lafay fin 2021. Ces deux nouvelles entreprises leur ont permis d’élargir leur savoir-faire et leur gamme. Jean Ruiz est une manufacture permettant l’assemblage maille à maille. « Cette technique nous permet de travailler avec des maisons de luxe », se réjouit l’entrepreneuse. 

Quant à l’atelier Marcoux Lafay, il est spécialisé dans le tricotage de genouillères et de chaussettes à neige pour voitures. Ces trois sociétés réunies rassemblent 85 salariés, et sont rentables. En 7 ans leur chiffre d’affaires est passé de 1 million à 8 millions d’euros. Selon Karine, les consommateurs ont pris conscience de l’importance du Made in France, en particulier depuis la crise Covid. 

Une collaboration fructueuse avec la grande distribution

L’activité de MLT bénéficie notamment d’une collaboration étroite avec la grande distribution. La manufacture travaille depuis 1978 avec Leclerc, qui a été rejoint par Carrefour, Auchan, Système U et récemment Kiabi. Selon la dirigeante, « ces acteurs ont une vraie volonté de nous accompagner, de nous aider à progresser et d’identifier les produits et matières qui pourraient séduire les consommateurs ».

Aujourd’hui, les deux associés cherchent une marque propre pour éviter les effets de saisonnalité dans la production. Pour la layette, ils ont déjà créé leur propre marque, la Manufacture de layette, qui crée des modèles intemporels qui peuvent être ainsi fabriqués et stockés lorsque le niveau des commandes est plus faible.

Si Karine et Arnaud ont dû renoncer à Camaïeu, ils continuent de se battre pour le Made in France, qui ne représente à ce jour que 3 % des vêtements vendus en France. Une aventure à suivre de près.

Photo + source : lesechos.fr – modeintextile.fr

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