La start-up Lhyfe, créée en 2017 à Nantes par Matthieu Guesné, ambitionne d’alimenter en hydrogène vert les transports et l’industrie, avec pour objectif de décarboner des secteurs très polluants. Portrait d’une licorne qui grandit très vite.
Il ne se passe pas une semaine sans que l’on voit apparaître le nom de la société Lhyfe. Créée en 2017 à Nantes par Matthieu Guesné, cette entreprise est spécialisée dans l’hydrogène vert à destination de l’industrie et de la mobilité. Et dans un contexte de révolution énergétique et d’urgence climatique, les projets se multiplient.
Son fondateur, Matthieu Guesdé, est diplômé de l’ESEO, une grande école d’ingénieurs. Passé notamment par le CEA, le commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives où il était directeur, il se lance dans l’aventure entrepreneuriale en 2017 afin de répondre à l’urgence environnementale.
Premier site de production d’hydrogène vert
Agissant « pour mes enfants », comme il l’explique sa courte biographie sur LinkedIn, il tente le pari de l’hydrogène vert après avoir dressé plusieurs constats lorsqu’il œuvrait au sein d’un laboratoire chargé de trouver des solutions de stockage des énergies renouvelables. Premièrement, l’hydrogène vert a un gros potentiel en matière d’énergie propre. Ensuite, il est peu compétitif, peu disponible et surtout, pas produit de manière écologique. Emmenant avec lui quelques collaborateurs du CEA, il monte donc la start-up Lhyfe avec pour objectif de rendre plus propres les transports en commun ou camions bennes à ordures de certaines agglomérations.
Les premiers projets sont porteurs. En 2020, Lhyfe séduit les investisseurs privés et des collectivités locales pour réussir une levée de fonds de 8 millions d’euros, tout en comptant sur 2,7 millions d’euros d’aides de la part de BPI France. En septembre de la même année, elle lance la construction de son premier site de production d’hydrogène vert en Vendée. Il s’agit du premier site du type en France.
Des projets aux quatre coins de l’Europe
A l’automne 2021, peu de temps après la mise en service de son usine, Lhyfe lève plus de 50 millions d’euros auprès de la Banque des territoires et de Swen Capital Partners. Quelques mois plus tard, la start-up réussit son entrée en bourse dans le but de lever encore 200 millions d’euros pour financer de nouveaux sites de production d’hydrogène vert.
En l’espace de cinq ans, Lhyfe parvient à développer de nombreux projets en Europe. Elle espère compter sur une quinzaine de sites de production en France et en Allemagne à l’horizon 2025. En 2023, les effets d’annonce se multiplient : d’abord avec la signature pour la création d’un site de production d’hydrogène vert dans les Vosges, avec un objectif de plusieurs dizaines de megawatts de capacité (ouverture en 2027). Aussi, Lhyfe s’attaque au off-shore et Matthieu Guesné, qui compare l’arrivée du pétrole au XIXe siècle à celle de l’hydrogène vert aujourd’hui, estime qu’il ne faut pas attendre trop longtemps pour exploiter les ressources au large. Selon lui, l’éolien en mer représente onze fois les besoins en électricité du continent européen, ce qui signifie que le potentiel est énorme. En mer, la start-up Lhyfe s’est déjà installée sur le parc éolien de Guérande et prévoit également de créer un site en mer du Nord à Ostende, en Belgique.
Jusqu’où ira la jeune entreprise qui salarie déjà plus de 180 personnes ? Le plus loin possible et le plus vite possible pour transformer durablement l’industrie et la mobilité des personnes et des marchandises, selon la stratégie développée par Matthieu Guesné. Le fondateur, convaincu que l’avenir de la mobilité passera par cette énergie, ne se fixe pas de limite.
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