Ces dernières années, les coursiers à vélo se multiplient dans les rues de nos villes, pédalant toujours plus vite pour effectuer leurs livraisons. Quelle que soit la plateforme de foodtech pour laquelle ils travaillent (Uber Eats, Frichti, Deliveroo etc), ces travailleurs sont confrontés aux mêmes problématiques. Ils sont payés à la tâche, sous statut d’auto-entrepreneur, et ne disposent d’aucuns droits sociaux. En bref, leur indépendance rime avec précarité.
C’est pour lutter contre ce phénomène, couramment appelé ubérisation, qu’Alexandre Segura fonde CoopCycle en 2016. Ce projet est porté par des militants, qui se sont connus lors des mobilisations contre la Loi travail au printemps 2016. « On a senti, que dans ce secteur, les choses bougeaient en témoignent la venue des taxis, puis des chauffeurs d’Uber lors de Nuit debout. » explique Alexandre. « Le déclic, ça a été de voir que les coursiers de la foodtech (Deliveroo, etc.) étaient les plus précarisés dans la profession », poursuit-il. C’est l’époque où la faillite de la start-up belge TakeEatEasy laisse de nombreux livreurs sur le carreau.
Alexandre, qui est alors développeur web, a l’idée de créer un logiciel de cyclo-logistique pour les sociétés coopératives qui souhaitent lancer une activité de livraison à vélo, tout en assurant une sécurité salariale à leurs employés.
Une fédération internationale
CycloCoop permet en effet aux livreurs à vélo de s’émanciper des grosses plateformes de foodtech, et d’un algorithme qui les met en compétition les uns avec les autres. Le projet s’appuie résolument sur des valeurs humanistes, écologiques et émancipatrices. CoopCycle ambitionne ainsi de révolutionner le monde de la livraison à vélo.
Mais CoopCycle va rapidement plus loin en devenant dès l’automne 2017 une fédération internationale des coopératives de livraison. Son objectif est d’accompagner les livreurs dans le montage, puis la pérennisation de coopératives de livraison à vélo (assurances, comptabilité, commercial etc.).
Le principe de CoopCycle est de mutualiser les services pour réduire les coûts. Elle propose un appui juridique et administratif, et une aide à la recherche de financements ou à la négociation auprès des fournisseurs. La fédération organise aussi des modules de formation sur le métier de livreur, ou encore l’économie des coopératives. Enfin, compte-tenu de son expertise en cyclo-logistique, CoopCycle intervient également auprès des acteurs locaux pour du conseil.
Le niveau des cotisations est décidé démocratiquement par les membres de la fédération. Celles-ci permettent de financer les services mutualisés par CoopCycle.
Une Maison des coursiers à Paris 18ème
CoopCycle, contrairement au schéma organisation habituel de SCIC (Société Coopérative d’intérêt collectif), ne sera pas organisé en collèges. Le but est que les coopératives adhérentes restent majoritaires dans la prise de décision. Le Conseil d’administration comprendra donc huit administrateurs, un bénévole historique, un salarié, et sept administrateurs issus des coopératives.
En septembre 2021, la fédération CoopCycle comptait 85 coopératives adhérentes, représentant environ 500 livreurs. Elle est bien implantée en France avec notamment les Coursiers bordelais, les Coursiers nantais, ou encore Lille-bike pour n’en citer que quelques-uns. Elle se développe actuellement à l’international dans une dizaine de pays : Allemagne, Espagne, Belgique, Grande-Bretagne, Suède, Danemark, Etats-Unis, Canada, Australie et Mexique.
En 2022, CoopCycle s’est scindée en deux entités, d’un côté la fédération, de l’autre côté l’association CoopCycle. Cette association a ouvert une Maison des coursiers dans le 18ème arrondissement de Paris avec le soutien de la Mairie de Paris. Elle a pour objectif d’être un lieu de repos, d’écoute et d’échange pour les livreurs à vélo. Une permanence est assurée sur place pour leur apporter une aide dans leurs démarches administratives, et les aider aussi à se constituer en collectif auprès de la Fédération CoopCycle.
Photos : europeecologie.eu
