En un peu moins de trois ans Snapchat s’est imposée comme l’application vedette des adolescents. Le concept de la messagerie éphémère a séduit ce jeune publique avide de liberté. Aujourd’hui, Snapchat se cherche un modèle économique pour générer des bénéfices.
Fin 2013, la nouvelle fait le buzz aux Etats-Unis : Snapchat, l’application d’envoi de photos éphémères aurait refusé une offre de rachat de Facebook à hauteur de 3 milliards de dollars. Tenir tête à Facebook n’est pas chose commune ; refuser plusieurs milliards de dollars relève carrément de l’inédit. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Peu de temps après, on apprend que l’autre géant de l’internet, Google, aurait voulu lui aussi s’attacher la startup pour un montant de plus de 4 milliards de dollars. Une proposition qui aurait reçu la même fin de non-recevoir de la part d’Evan Spiegel, le jeune patron (24 ans) de Snapchat.
400 millions de photos postées chaque jour
Bien que jamais confirmée par Mark Zuckerberg, l’information a été jugée suffisamment crédible pour être reprise par toute la presse économique outre-Atlantique. Et le moins que l’on puisse dire est que le refus d’Evan Spiegel alimente bien des interrogations. Le tout puissant magasine Forbes se demande même si Evan Spiegel n’est pas le contre exemple parfait d’un Bill Gates ou d’un Mark Zuckerberg. Alors que les patrons de Microsoft et Facebook ont apporté la preuve que l’on peut être très jeune et très bon business man ; Evan Spiegel ferait lui la démonstration inverse. Sans aller jusque là, de nombreux analystes interrogent les capacités de Snapchat à générer des bénéfices. Les dirigeants de Snapchat en sont convaincus, pour eux l’application vedette des adolescents possèdent toutes les caractéristiques d’une affaire très rentable.
Snapchat, application d’envoi de photos et de messages qui s’autodétruisent en 10 secondes, a été lancée sur l’appstore en décembre 2011. Le succès a été foudroyant : 50 millions de photos ou vidéos postées chaque jour en décembre 2012 ; 200 millions en juin 2013 et 400 millions fin 2013. C’est plus que les 350 millions de photos téléchargées par jour sur Facebook. Après être restée plusieurs mois l’application la plus chargée (hors les jeux) aux Etats-Unis sur I-phone ; c’est aujourd’hui celle qui est la plus recherchée en France. Elle est plébiscitée par les préadolescents qui y voient une possibilité de dialoguer librement en échappant au contrôle des adultes, sans pour autant compromettre leur avenir par des messages inscrits dans la mémoire d’Internet (quoique). En 2013, le très réputé magazine TechCrunch a élu Snapchat comme la startup ayant connu le plus fort développement en 2012.
La messagerie des sextings
Le tableau semble idyllique. Pourtant nombreux sont ceux qui doutent de la capacité de la startup à devenir un jour rentable. La première piste envisagée, l’ouverture à la publicité, se heurte à ce qui fait la spécificité de Snapchat. Les entreprises sont réticentes à payer pour des apparitions de quelques secondes à peine. Sans compter que Snapchat a construit son succès sur la garantie d’une parole libre. Du coup l’application a vu se multiplier les messages volontairement provocateurs comme les sextings (message à caractère sexuel). Un contenu auquel les entreprises refusent d’accoler leur image. De surcroit, Snapchat ne possède que peu d’informations sur ses utilisateurs, cela amoindrit encore son intérêt pour des publicitaires friands des possibilités illimités de ciblage qu’offre le net. Une autre piste envisagée par Evan Spiegel est la vente de produits numériques (émoticônes, messages de stars…). Mais ce business très porteur en Asie, reste au mieux un apport sur les marchés américains et européens.
L’apparition d’un géant chinois de l’Internet
Pour d’autres experts cependant Snapchat possède toutes les caractéristiques d’un futur grand du net. D’abord c’est une messagerie visuelle, comme Facebook, Instagram, autres grands succès du web. L’image est aujourd’hui le principal vecteur de communication sur Internet. Ensuite, c’est une application mobile. Elle prend ainsi position pour l’avenir. Le mobile est le futur instrument numéro 1 de connexion. Enfin, Snapchat touche un public très jeune de préadolescents. Ce lien avec cette génération élevée dans un monde numérique constitue même l’ADN de son succès. Rappelons que lors de son lancement sur l’appstore, Snapchat enregistrait des résultats « pathétiques » de l’aveu même d’Evan Spiegel. Puis une cousine éloignée de Spiegel a commencé à l’utiliser dans son collège et l’application s’est répandue comme une trainée de poudre. A tel point qu’elle est aujourd’hui l’application numéro 1 dans les collèges américains. Certains établissements l’utilisant même pour leur communication officielle ; pour annoncer la date des examens par exemple. Cette jeune génération, friande d’Internet, que les messageries traditionnelles comme Facebook ont du mal à toucher, peut se révéler être un véritable « trésor de guerre » pour Snapchat.
Pour sa part, Evan Spiegel réclame du temps pour construire le modèle économique de sa startup. Aujourd’hui, Snapchat se prépare à une nouvelle levée de fonds à laquelle Tencent, le géant chinois de l’internet, s’apprête à participer pour un montant de 200 millions de dollars. Et si l’avenir de Snapchat se jouait dans l’Empire du milieu ?
Mai 21, 2014 - 09:38 AM
Il semble que la sécurité du service soit remise en cause.