Depuis sa création en 1958, la National Aeronautics and Space Administration, plus connue sous son acronyme NASA, n’a cessé de repousser les limites de notre connaissance de l’univers. Avec son budget annuel de 18 milliards de dollars et ses 17 500 employés, ce mastodonte de l’aéronautique civile a contribué aux plus belles réussites de la conquête spatiale. Retour, en dix missions, sur ses succès les plus marquants.
Le programme Mercury : envoyer un homme dans l’espace
Du 4 octobre 1957 au 4 janvier 1958, Spoutnik 1 inonde l’espace de ses désormais fameux « bips ». Pour célébrer l’année géophysique internationale de 1957, Etats-Unis et URSS avaient, chacun de leur côté, annoncé le lancement d’un satellite artificiel placé en orbite autour de la Terre. Convaincus de leur supériorité technique, mettant en œuvre un projet trop ambitieux, les Etats-Unis se font devancer, à leur grande surprise, par des Russes nettement plus pragmatiques. Afin de digérer l’affront, le président américain Dwight Eisenhower décide de la fondation, le 29 juillet 1958, d’une agence spatiale civile.
La NASA nouvellement créée s’attelle au projet Mercury, qui a pour ambition d’envoyer un être humain dans l’espace. Le programme est un succès, permettant à Alan Shepard de devenir, le 5 mai 1961, le premier américain voyageant dans l’espace. Entre 1959 et 1963, six vols spatiaux habités vont se succéder dans la cabine exiguë de la capsule, lancée en orbite à plus de 8260 km/h. Aucun échec ne viendra ternir la réussite du programme.
Apollo 11 et la conquête de la Lune par la NASA
Malgré le succès du programme Mercury, les Etats-Unis accusent dans la conquête spatiale un certain retard face à l’URSS. Le premier satellite artificiel, Spoutnik 1, était soviétique, tout comme Laïka, premier animal vivant à être envoyé dans l’espace. Le premier appareil survolant la Lune était, lui aussi, russe. Enfin, Youri Gagarine devient, en 1961, le premier homme envoyé dans l’espace. Devant ces revers, John F. Kennedy fait preuve d’ambition en annonçant, dans son célèbre discours du 12 septembre 1962, qu’un homme foulera du pied le sol lunaire avant la fin des années 1960. Le programme Apollo est ainsi créé, permettant à Buzz Aldrin et Neil Armstrong de marcher sur la Lune le 21 juillet 1969. Entre 1961 et 1975, le programme Apollo aura envoyé six missions sur l’astre sélène, permettant de récolter de nombreuses données scientifiques et de ramener plus de 400 kilos de roche lunaire.
Apollo 13, une mission de sauvetage historique
Après un décollage effectué sans encombre, le 11 avril 1970, la capsule Apollo XIII mène ses trois membres d’équipage en direction de la Lune. Au deuxième jour de trajet, les astronautes assistent à l’explosion accidentelle d’un réservoir d’oxygène. Dans la phrase restée célèbre « Houston, we’ve had a problem », et prononcée avec un incroyable sang-froid, Jack Swigert, le pilote, rapporte l’avarie au centre de contrôle. L’ampleur des dégâts oblige l’équipage à trouver refuge dans le module lunaire, initialement prévu pour deux personnes, rationnant leur eau, leur oxygène, et coupant la majeure partie des circuits électriques. Au sol, le personnel de la mission s’active à parer aux difficultés et à trouver un moyen de faire rentrer les hommes sains et saufs. La seule solution viable serait de continuer le trajet vers la Lune, et d’en effectuer le tour afin de récupérer, grâce à l’attraction gravitationnelle, assez de vitesse pour regagner la Terre. Privé d’ordinateur de bord, l’équipage suit les consignes dictées par Houston, qui établit en quelques heures un plan de vol alternatif. C’est debout, dans le froid et l’obscurité, que l’équipage effectuera le trajet retour, récupéré dans l’océan Pacifique par l’USS Iwo Jima. Si la mission lunaire est un échec, le sauvetage de l’équipage fait partie des plus belles réussites de la NASA.
Columbia, une navette pour l’espace
Menées entre 1961 et 1975, les missions Apollo constituent un véritable gouffre financier pour la NASA. A chaque lancement, un nouveau module doit être construit, pour ensuite se désintégrer lors de son retour dans l’atmosphère. En 1972, germe l’idée d’élaborer une navette réutilisable, garante d’économies substantielles, mais aussi de prestige international. Les difficultés sont nombreuses, et certains aspects, tels les boucliers thermiques en céramique, doivent être entièrement repensés.
Neuf années seront nécessaires pour mettre au point Columbia, qui effectue son premier vol spatial le 12 avril 1981. Durant ses 22 ans de service, la navette aura totalisé 28 vols et passé plus de 300 jours en orbite, permettant de nombreuses observations scientifiques ainsi que la mise en service de divers satellites. La carrière de Columbia prendra fin tragiquement le 1er février 2003, lorsque la navette se désintègre lors de son retour, tuant ses sept membres d’équipage.
Pioneer, ou l’exploration du système solaire
Les sondes du programme Pioneer, qui s’est échelonné entre 1958 et 1978, ont permis d’approcher de très près des astres tels que la Lune, le Soleil, Jupiter, Saturne et Vénus. Les deux missions les plus ambitieuses, Pioneer 10 et 11, parvinrent à franchir la ceinture d’astéroïdes pour atteindre Jupiter et Saturne, prenant de nombreux clichés des deux planètes. Destinées à sortir du Système solaire, les deux sondes ont été chacune équipées de plaques où furent gravées des informations relatives à l’espèce humaine.
En plus d’avoir apporté des éléments de connaissance majeurs à propos de Jupiter, Saturne et Venus, le programme Pioneer aura aussi permis l’étude de la météorologie spatiale, des champs magnétiques, ainsi que de la structure atmosphérique des planètes approchées. Reprenant les mêmes objectifs d’exploration, le programme Voyager succèdera à Pionner, survolant ainsi Uranus et Neptune.
Hubble, un observatoire spatial
Avant 1990, les observations spatiales ne pouvaient s’effectuer que depuis les télescopes terrestres. Malgré des performances sans cesse améliorées, ces derniers ne pouvaient fournir que des images dépendantes des conditions météorologiques et de la luminosité. L’idée d’un télescope spatial remonte à 1975, et aura nécessité quinze années de recherche et de développement avant d’aboutir à sa concrétisation. Quinze années au cours desquelles les 400 000 pièces seront testées et assemblées, reliées par 41 843 kilomètres de câbles.
Pourtant, ce projet fou déçoit initialement les scientifiques : un défaut de conception du miroir principal rend les premières images floues et difficilement exploitables. Il faudra attendre 1993 pour qu’une équipe d’astronautes intervienne afin de corriger la myopie du télescope. Les images prises par Hubble bénéficièrent à un large public, la NASA diffusant de nombreux clichés sur un internet alors en plein essor.
Mars Pathfinder, en direct de la Planète Rouge
Après sept mois de trajet depuis la Terre, Pathfinder, lancé en décembre 1996, atteint Mars sans encombre le 17 juillet 1997. Deux décennies après le programme Viking, cette mission signait le retour de la NASA sur le sol martien. Libérant après son atterrissage le petit robot Sojourner, truffé de capteurs et d’instruments de mesure, Pathfinder se veut la preuve qu’une mission rapide et peu couteuse peut être couronnée de succès.
Développé en trois ans et ayant couté moins de 150 millions de dollars, le projet est innovant à plus d’un titre. Par son système d’atterrissage, tout d’abord, constitué d’une multitude d’airbags et assurant une réception au sol sans dommage. Le robot, composé de six roues et ne pesant que 10,6 kilos, est alimenté par un panneau solaire et est commandé depuis la Terre. Durant 83 jours, Sojourner va arpenter le sol martien, analysant les roches, envoyant 550 photographies, effectuant 8,5 millions de mesures et démontrant le passé volcanique de Mars. Prévu pour fonctionner 7 jours, le rover a cessé d’émettre le 27 septembre 1997, soit plus de deux mois après sa mise en fonction.
ISS, la station spatiale internationale
Les expéditions vers des planètes lointaines demanderont au préalable de solides connaissances sur le comportement du métabolisme humain en milieu spatial. C’est dans ce but qu’a été mise au point l’ISS, projet supervisé par la NASA, en collaboration avec les agences spatiales russe, japonaise, européenne et canadienne. Inaugurée en 1998, de nombreux modules ont été adjoints depuis, faisant de l’ISS le plus grand assemblage artificiel placé en orbite terrestre. Avec ses 400 m3 habitables, ses 110m de long pour 74 de large, et une hauteur de 30m, la station spatiale internationale abrite en permanence un équipage de six astronautes, qui y séjournent entre 3 et 6 mois. Les derniers modules seront ajoutés en 2017, et la station sera utilisée au moins jusqu’en 2024. Bien que parfois décriée pour son cout (estimé à près de 115 milliards de dollars), la station permet de grandes avancées tant scientifiques que comportementales à propos des longs séjours en orbite.
Chandra, l’espace aux rayons-X
Le 23 juillet 1999, la navette spatiale Columbia décolle emportant à son bord un télescope de nouvelle génération. Chandra, tel qu’il a été baptisé, est encore plus puissant que son grand-frère Hubble. La raison en est simple : au lieu d’enregistrer les images visibles, Chandra scanne l’espace à l’aide de rayons-X, analysant ainsi toute fluctuation d’énergie. Orbitant autour de la Terre à une altitude 200 fois supérieure à celle d’Hubble, le télescope a d’ores et déjà permis d’étudier l’évolution des trous noirs et des galaxies, la structure des étoiles et celle des nébuleuses. Piloté depuis Cambridge, dans le Massachusetts, Chandra, qui signifie à la fois lumineux et Lune en sanscrit, a profondément transformé notre connaissance de l’Univers.
New Horizons, vers Pluton et ses satellites
Lancée le 19 janvier 2006, la mission New Horizons a pour but l’étude de Pluton, planète la plus éloignée du Système solaire. Après avoir longé Jupiter, la sonde survole Pluton le 14 juillet 2015, transmettant plusieurs images en haute-définition. Premier objet à explorer cette région méconnue de la galaxie, l’engin spatial permet de fournir d’importants renseignements sur la formation du Système solaire. Emportant deux cameras, dont l’une à infrarouge, et trois spectromètres, New Horizons, après avoir étudié la géologie, la composition du sol ainsi que la température de Pluton, se dirige vers son satellite Charon, puis vers la ceinture de Kuiper.
Et bientôt pour la NASA…
L’agence spatiale américaine regorge de projets, et son calendrier prévisionnel s’étale jusqu’en 2046, avec la Lune, mais surtout Mars en ligne de mire. Un lanceur lourd sera prochainement mis au point pour permettre les missions habitées, et des robots seront envoyés sur la planète rouge afin d’en étudier les aspects plus en détail. Quant aux missions humaines sur la planète rouge, les deux premières sont prévues pour 2039 et 2043.
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