Les Fuckup Nights, où des entrepreneurs viennent partager leurs expériences d’échec pour mieux transmettre les clés de la réussite, connaissent un succès croissant dans le monde entier.
Le 3 juin dernier se tenait à Rabat la première édition marocaine des Fuckup Nights, à l’initiative du hub des Global Shapers. Cette rencontre accueillait des entrepreneurs marocains à succès venus partager… leurs expériences d’échecs. Selon le concept des Fuckup Nights, chaque entrepreneur avait sept minutes et dix images pour son exposé, suivi d’un temps de questions-réponses avec la salle, puis d’un temps pour les échanges.
Si le Maroc découvre aujourd’hui les Fuckup Nights, ce mouvement est déjà largement répandu dans le monde avec des événements organisés dans plus de 200 villes et 70 pays, dans 25 langues différentes. Pour comprendre les raisons de ce succès, retour sur l’origine de ce concept.
Nées d’une rencontre arrosée entre amis
Les Fuckup Nights sont nées en 2012 à Mexico. Un soir, cinq amis discutent autour de verres de Mezcal. Ils réalisent alors à quel point ils sont fatigués d’entendre les sempiternelles success-stories par des serial-entrepreneurs à qui tout semble réussir. Ils décident alors de prendre le contrepied et de partager leurs histoires d’échecs. La soirée avançant, cet échange s’avère être de plus en plus enrichissant. Ils choisissent alors de reproduire l’événement en invitant d’autres amis à les rejoindre, et demandent à trois d’entre eux de partager leurs expériences d’échecs. La première Fucking Night avait lieu.
Devenu un événement mensuel, ils décident de prendre plus au sérieux l’aventure pour en faire un projet global et lancent leur site www.fuckupnights.com.
Bien-sûr, il ne s’agit pas de faire la promotion de l’échec, mais de partir des échecs pour les analyser et en tirer les leçons afin de mieux réussir. « Entendre une personne parler ouvertement de ses erreurs aide à éliminer la honte et à accepter l’échec, et même comprendre qu’il est parfois bénéfique d’échouer » expliquait au Huffington Post l’un des fondateurs, Steffan Bankier, qui a initié les Fucking Nights à New York. Ce qu’il aime dans ce concept, c’est qu’il encourage les rencontres et échanges authentiques, sans tabou.
Un Institut de l’échec
Bien-sûr, les entrepreneurs qui se présentent sont des entrepreneurs à succès. Steffan Bankier déplore d’ailleurs que certains ne se lâchent pas assez dans l’exploration de leurs erreurs : « nous voulons vraiment que cela se démarque, et peu importe ce que l’on dit, mais il est vraiment difficile pour les intervenants de s’ouvrir véritablement et se lâcher ». Mais l’ambiance des Fucking Nights est beaucoup plus ouverte que celle des symposiums classiques.
Les cerveaux des Fucking Nights ont même poussé plus loin la démarche en créant, en 2014, un Institut de l’échec (Failure Institute). S’appuyant sur des cas d’échecs bien documentés auxquels ils ont accès, ils se sont donné la mission de répertorier et de partager ces informations par des études et des publications. L’objectif est là encore d’aider les entrepreneurs à prendre de meilleures décisions.
« Même si c’était dur à vivre, même si j’y ai laissé des plumes, c’est une des meilleurs expériences de ma vie professionnelle » témoigne Delphine Pinon, se souvenant de son échec entrepreneurial. La jeune femme a été tellement enthousiasmée par le concept qu’elle a lancé les Fucking Nights Paris en mars 2014. Un pari d’autant plus intéressant que l’échec est particulièrement tabou en France. « Selon moi, l’échec prend ses racines dans une société qui refuse le risque» précise-t-elle. La vérité est que les plus grands entrepreneurs ont eu aussi leurs échecs. Et en prendre conscience ne peut qu’être libérateur pour les nouveaux entrepreneurs et les aider à oser entreprendre, en connaissance de cause.
One Response
Écrire un commentaireTrackbacks/Pingbacks