Symphony, le service de messagerie professionnel crypté, va s’implanter sur la Côte d’Azur. Fondé dans la Silicon Valley en 2014, la start-up qui pèse plus d’un milliard de dollars souhaite accroître sa présence internationale en ouvrant un centre de R&D à Sophia Antipolis. À sa tête, on trouve David Gurlé, un ingénieur globe-trotter expatrié depuis plus de 20 ans aux États-Unis. Plutôt méconnu dans l’Hexagone, Il a conservé une part de France en lui et compte bien s’appuyer sur un écosystème favorable pour développer son entreprise.
Fils de diplomate français et d’une journaliste de la BBC, dont il apprendra après son décès qu’elle travaillait pour les services secrets britanniques, David Gurlé passe son enfance en Turquie, en Syrie et au Liban. Diplômé de l’Esigetel en 1992, il rejoint France Telecom comme ingénieur R&D. En 1997, il s’installe en Israël pour travailler pour un fournisseur d’équipement de télécommunication. David Gurlé traverse finalement l’Atlantique en 1999 et rejoint Microsoft où il est en charge des outils de collaboration et de communication en temps réel.
Développe de services de télécommunication pour servir les banques
En 2003, David Gurlé quitte Seattle pour New York et rejoint l’agence de presse Thomson Reuters, notamment connue pour ses informations financières. Après quelques années à Singapour pour le groupe canado-britannique, il entre chez Skype à Palo Alto en Californie en 2010. La suite de son parcours est une succession de courtes expériences jusqu’à ce qu’il fonde Symphony en 2014. Il bénéficie alors de son expertise dans les télécommunications et de sa connaissance des milieux financiers. La start-up propose alors une alternative solide et moins chère aux produits existants.
Au départ, Symphony est un service interne de messagerie destiné à Goldman Sachs et repris par la suite par 14 autres banques. David Gurlé ambitionnait de fournir aux traders et aux analystes financiers de Wall Street et de la City, un outil simple et sécurisé. Il souhaitait favoriser les échanges et mettre fin à « la tyrannie des multiples services de messageries instantanée ». Symphony s’est associé à Dow Jones et à McGraw Hill Financial pour partager les dépêches et les informations financières sur sa plateforme via l’agrégateur Selerity.
Une confiance totale dans les ingénieurs français
David Gurlé s’est appuyé sur les technologies en open source, afin de proposer des solutions beaucoup plus accessibles que celles des concurrents (180 dollars par utilisateur et par an contre 20.000 dollars chez Bloomberg). Naturellement cette stratégie séduit les investisseurs. Ainsi, en mai dernier, Symphony a fait une troisième levée de fonds de 63 millions de dollars (243 millions au total). 55 % des ventes de la start-up se font hors États-Unis et Symphony compte aujourd’hui plus de 300.000 utilisateurs à travers le monde.
En janvier dernier, David Gurlé a annoncé l’installation d’un centre de R&D à Sophia Antipolis. À l’occasion d’une interview sur France Info, il expliquait ce choix par la qualité des ingénieurs français qui, à compétences égales, sont moins chers que ceux de la Silicon Valley. Un ingénieur y coûte 250.000 dollars par an, contre 120.000 dollars en France, et fait preuve de beaucoup moins de loyauté. Il casse au passage quelques idées reçues sur la fiscalité : « En Californie, je paie plus de taxes que je ne paierai en France ».
Libre entrepreneur et défenseur d’un volet social
David Gurlé vante un capitalisme responsable éloigné de celui qui a conduit à la crise de 2008. Il se place à la croisée du rêve américain, et de son enthousiasme pour l’entreprenariat, et de l’État providence à la française avec un filet social. Ses années dans la Silicon Valley lui ont permis d’observer les inégalités produites par le modèle économique californiens. D’un côté, les lycées de Palo Alto sont suréquipés grâce à des fonds privés alors que de l’autre, rien n’est fait pour que les pauvres puissent aller à l’université.
De sa mère, David Gurlé a acquis une capacité à penser en dehors du cadre en pariant notamment sur les technologies de voix sur IP quand personne n’y croyait, et aussi d’un culte du secret indispensable pour protéger les informations financières. De son père issu d’une famille de militaire, il a hérité d’une stricte discipline et d’une certaine pugnacité. Après avoir renoncé à une carrière dans l’armée de l’air pour cause de myopie, il a finalement réalisé son rêve de voler en obtenant sa licence de pilote commercial quelques années plus tard.
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