Certains salariés ou entrepreneurs télétravaillent quelques jours par semaine, d’autres sont en « full remote » et sont partis vivre au vert, loin des bureaux de leur entreprise. D’autres encore sont devenus nomades digitaux et travaillent tout en étant en permanence sur les routes, et certains télétravailleurs partent en « workation », c’est-à-dire en séjours touristiques durant lesquels ils continuent à travailler en ligne.
L’économie des tiers lieux en plein boom
Vous l’aurez compris, un télétravailleur ne travaille pas forcément depuis sa cuisine. Ces changements entraînent nécessairement un bouleversement dans l’économie de ce que l’on appelle les tiers lieux. Un tiers lieu, c’est un lieu dans lequel on travaille, mais qui n’est ni notre domicile, ni notre bureau. Il peut s’agir d’un café au bord de la plage, d’un espace de coworking en bas de son immeuble, de la tablette d’un TGV, d’une chambre d’hôtel à Bali, d’une bibliothèque municipale, du salon d’un ami, d’un Airbnb ou même d’une caravane.
Les tiers lieux sont devenus un enjeu économique énorme en quelques mois à peine, et tous les acteurs veulent prendre leur part du gâteau. Les hôtels touchés par la baisse des voyages d’affaires y voient un moyen de remplir leurs chambres la semaine et la journée. Les compagnies ferroviaires, voyant dans les déplacements des néo-provinciaux un nouveau marché, installent des espaces de coworking dans leurs gares. Les lieux associatifs se mettent au co-working afin d’occuper leurs locaux, de renflouer leur trésorerie et de gagner de nouveaux adhérents. Les bars, cafés ou même discothèques peuvent ainsi également remplir leurs établissements aux heures les plus creuses.
Les chaînes de coworking se livrent une concurrence féroce
D’abord mis à l’arrêt par les confinements successifs et les fermetures de frontières, les espaces de coworking se livrent une concurrence acharnée. En 2021, on en dénombrait 2.800 en France, soit une augmentation de 60% par rapport à 2019 et au monde pré-Covid.
Parmi ces espaces, au milieu de structures indépendantes, on voit émerger de gros acteurs qui s’implantent partout en France, en Europe, et même dans le monde. Parmi les grands acteurs français, Multiburo, un acteur de l’immobilier de bureau depuis plus de dix ans, Wojo (dont sont actionnaires Bouygues Immobilier et Accor), ou encore Morning, qui se concentre sur la région parisienne.
Le Français Beewake, qui fonctionne plus comme un Airbnb du coworking s’attaque quant à lui au marché américain et voudrait devenir la plateforme mondiale de référence pour les réservations d’espaces de travail
Un nouveau rapport au temps et à l’espace
Depuis le Covid, de plus en plus d’entreprises ont choisi de vendre leurs bureaux, de miser sur le 100% télétravail, et de n’organiser des réunions physiques qu’exceptionnellement, dans des tiers lieux.
Si ces nouvelles manières de penser le travail créent de nouveaux marchés, elles en affaiblissent d’autres. L’immobilier de bureaux, les organisateurs de salons professionnels ou encore les prestataires de services installés dans les quartiers d’affaires, comme les restaurateurs, doivent se réinventer.
Avec le télétravail, la frontière entre les lieux et moments de travail, d’habitation et de vacances s’estompe progressivement. Cela aura petit à petit un effet sur notre urbanisme, signant la fin de la délimitation claire entre quartiers d’affaires, d’habitation et de villégiature, et sur nos modes de transport et de consommation.
Le secteur du tourisme devra également se réinventer, et offrir des prestations permettant de travailler depuis un bateau de croisière, un parc d’attractions ou encore une station balnéaire. De plus en plus de pays misent d’ailleurs sur cette forme de tourisme, allant des workations au nomadisme digital, en proposant des visas spécialement adaptés aux télétravailleurs. Il est fort à parier que l’industrie du coworking a de belles années devant elle…
sources photos : lesechos.com / mitc-consulting.com
