C’est en 2016 que le ministère de la Culture français, s’émouvant de la déliquescence des bons usages de la langue française et de son orthographe face à la montée des nouvelles pratiques de rédaction de l’informatique et d’Internet, a demandé à l’Afnor, l’Agence française de normalisation, de chercher des solutions afin de préserver l’écrin fragile de notre rhétorique. L’une des pistes explorées à cette fin propose l’utilisation du clavier Bépo en lieu et place du clavier Azerty, régnant aujourd’hui sans partage dans nos contrées.
On n’Echap pas à l’Histoire
Le clavier Azerty, et son pendant anglo-saxon le Qwerty, constituent de nos jours une norme internationale solidement ancrée. Ces agencements sans aucun rapport avec un quelconque ordre alphabétique et peu intuitifs sont nés de contraintes techniques d’un autre temps, celui des machines à écrire. Chaque touche était alors reliée à un long marteau qui venait percuter une bande encrée et imprimer la lettre sur le papier. La disposition des touches telle que nous l’utilisons maintenant était destinée à éviter que les marteaux ne se chevauchent et ne s’usent trop rapidement. Aucun rapport donc avec l’ergonomie de l’écriture, et la praticité d’accès à certains caractères spéciaux comme les majuscules accentuées chères à nos institutions n’était pas une priorité.
Aujourd’hui, s’il en reste un nombre conséquent devant, on ne trouve en revanche plus aucun marteau derrière nos claviers, avantageusement remplacés par des connexions électroniques, ce qui laisse toute liberté pour placer les touches de façon plus pratique.
Reprendre le Control de notre saisie
C’est là tout le principe du clavier Bépo. Lui-même héritier du clavier Dvorak, créé par le pédagogue éponyme en 1936 et adapté à la langue française, il est pensé selon plusieurs principes absents de la conception des claviers classiques : la fréquence d’apparition des lettres au sein des mots tout d’abord. Les lettres les plus souvent utilisées se retrouvent sur la ligne du milieu, dite « rangée de repos ». Le but est de réduire l’effort, bien réel lors de la rédaction d’un texte conséquent, en limitant le déplacement des doigts.
Le placement des lettres est également plus intuitif et rend plus aisée la saisie à l’aveugle. Des touches de ponctuation, jusqu’alors reléguées à la périphérie, trouvent une place centrale dans le clavier, une fois encore en fonction de leur fréquence d’utilisation. Enfin, l’organisation des fonctions alternatives des touches, activées par la touche Maj ou Shift, est repensée pour rendre plus simple l’accès à nos fameux caractères spéciaux entre autres. Taper plus vite, en se fatigant moins et en faisant moins de fautes : qu’attendons-nous ?
Pas touche à mon clavier
L’universalité des claviers historiques est bien entendu un obstacle fondamental. Nous apprenons tous depuis notre plus tendre enfance à taper suivant ces dispositions, avec des succès et talents très divers, et n’avons pour la plupart aucune envie de repasser par l’apprentissage laborieux, bien que temporaire, d’une nouvelle configuration, aussi bénéfique soit-elle. L’être humain est ainsi fait. Mais l’absence de bonne volonté n’est pas la seule à blâmer.
Une infinité de logiciels, au premier rang desquels les jeux vidéo, utilisent les touches du clavier pour d’autres actions que l’écriture. Un passage à une nouvelle configuration rendrait caduques un nombre astronomique d’applications pour lesquelles les raccourcis clavier et les différents contrôles interactifs ont été pensés en raison de leur emplacement sur le clavier. De plus, la démocratisation des claviers tactiles rend quelque peu surannées ces préoccupations de saisie physique, alors que nos machines complètent désormais à notre place les mots avant même que nous ayons terminé de les écrire.
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