Ocado, lorsque l’épicerie révolutionne la robotique

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Trois évènements majeurs ont récemment propulsé la société Ocado sous le feu des projecteurs. Tout d’abord, la publication d’excellents résultats, qui ont suscité l’intérêt des investisseurs et fait l’objet d’une large couverture dans la presse financière. Mais aussi, et surtout, par l’amorce de deux projets robotiques qui annoncent une nouvelle ère dans la gestion des entrepôts. Extrêmement performants et techniquement très poussés, ces robots pourront-ils à terme remplacer le personnel humain ?

Epicerie et innovation technologique

Il aura fallu du temps pour que l’épicerie en ligne Ocado rencontre le succès. Fondée en 2000 par trois anciens de Goldman Sachs, l’entreprise, cotée à la bourse de Londres, est devenue l’un des acteurs les plus importants sur la scène technologique britannique. Si le rapport entre la vente de nourriture sur Internet et la robotique semble ténu, la problématique liée à la gestion des entrepôts a motivé la recherche de nouveaux types de machines, bien plus développées que tout ce qui a été créé jusqu’alors.

L’entreprise, dont le chiffre d’affaires a augmenté de 20% en 2014, doit traiter plus de 167 000 commandes chaque semaine. Dans le but de faciliter la gestion des stocks, les techniciens de la branche recherche et développement ont publié coup sur coup deux brevets révolutionnaires à plus d’un titre.

SecondHands, le robot humanoïde et intelligent

SecondHands1Les ingénieurs d’Ocado, épaulés par quatre universités européennes, se sont penchés sur le berceau d’un assistant pas comme les autres. Baptisé « SecondHands », le projet pourrait donner naissance au « robot d’assistance le plus avancé au monde », selon les dires de l’équipe supervisant sa création. Se tenant sur deux jambes et possédant deux bras télescopiques, l’androïde épousera les formes humaines afin d’effectuer au mieux les tâches les plus variées.

Il disposera pour cela de tous les atouts. Sa vision 3D lui servira à appréhender les distances et à discerner les couleurs. Son intelligence artificielle lui donnera la possibilité de s’adapter à son environnement. Enfin, et c’est là l’aspect le plus prometteur, sa capacité d’apprentissage lui donnera la possibilité, après une période de « formation », de travailler de manière parfaitement autonome.

Un usage tout désigné pour Ocado

Son aspect anthropomorphique lui permettra de trouver sa place dans des entrepôts conçus pour l’activité humaine. Prévu pour être utilisé comme assistant auprès des techniciens, il pourra aussi effectuer seul des opérations dangereuses, comme la manipulation de produits toxiques. Si le premier prototype n’a pas donné entière satisfaction, le second modèle, qui sera opérationnel fin 2016, devrait être assez proche du cahier des charges originel.

L’optimisme est de rigueur au sein de l’équipe, qui entrevoit une mise en service pour 2020. C’est du moins l’objectif fixé par l’initiative européenne « Horizon 2020 », qui a injecté sept millions d’euros dans ce projet collaboratif qui rapproche industrie privée et recherche universitaire. Destiné en priorité aux entrepôts Ocado, SecondHands devrait aussi rencontrer un large succès commercial auprès de toute entreprise ayant des stocks à gérer.

Vers des entrepôts entièrement automatisés

 Ocado CFC (Customer Fulfilment Centre) Hatfield Hertfordshire By David Levene 22/12/14

Le second projet élaboré par Ocado a pour objectif une meilleure gestion de l’espace de stockage. Nécessitant de vastes voies de circulation entre les palettes, les entrepôts actuels pourraient être optimisés par la mise au point de deux unités robotisées travaillant en binôme. Utilisant des rails fixés au sommet des containers, capables d’évoluer en hauteur, et donc de libérer de la place au sol, ces deux robots permettront de doubler le nombre de marchandises entreposées dans une surface limitée.

La première unité sera chargée de récupérer les commandes, tandis que la deuxième les acheminera en vue de leur expédition. Si un tel système de récupération de marchandises par le haut existe depuis des décennies, plusieurs défauts, ainsi qu’un coût très élevé, rendaient nécessaires de nombreux perfectionnements afin d’être démocratisé. C’est ce que promet Ocado, qui laisse entrevoir la perspective d’entrepôts entièrement automatisés et fonctionnant avec le strict minimum de présence humaine.

Des avancées qui soulèvent l’inquiétude

Quel sera l’impact de ces innovations sur l’emploi ? Si les ingénieurs en charge de ces deux projets se veulent rassurants, il n’en demeure pas moins que leur future mise en service suscite la crainte du personnel. C’est en tout cas une nouvelle étape qui est franchie : là où la robotique ne semblait menacer « que » les postes non-qualifiés, ce sont maintenant les techniciens qui pourraient à terme se retrouver sur la sellette avec l’arrivée de SecondHands. Capables d’effectuer les tâches les plus complexes, doués d’une flexibilité quasi-illimitée et d’une constante capacité d’apprentissage, ces robots d’assistance pourraient menacer des emplois qualifiés.

En France, une étude menée par le cabinet Roland Berger, publiée en octobre 2014, prédit la destruction de plus de trois millions d’emplois d’ici 2025. Ocado c’est pas un cadeau ?

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