Le Japon à la pointe de la révolution robotique

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Le Japon, pionnier et leader de l’industrie robotique depuis les années 1960, mise sur le développement d’une nouvelle génération de robots capables d’effectuer des tâches de plus en plus complexes. Leur capacité de mouvement, bien plus grande que celle de leurs ancêtres, et surtout leur aptitude à l’apprentissage, les destine à occuper une place majeure au sein d’une société vieillissante et en manque de main d’œuvre.

Un terrain propice

Le fait que des machines aussi performantes voient le jour au pays du Soleil-Levant ne doit rien au hasard. Le Japon occupe de longue date un leadership incontesté dans le domaine de la robotique industrielle, et détient à lui seul 27% du parc mondial. Grand utilisateur de robots, le pays en est aussi un important constructeur, exportant 70% de sa production, principalement vers la Chine. Un marché des robots industriels en pleine santé, dont la croissance, estimée à 12% par an, est dopée par les secteurs de l’automobile et de l’électronique, tandis que les industries métallurgique, pharmaceutique et chimique augmentent leurs équipements. Dans un pays tel que le Japon, confronté à une pénurie chronique de main d’œuvre, l’utilisation de robots de plus en plus autonomes et polyvalents représente une nécessité pour une grande partie de l’industrie.

Investir le secteur des services

JULIETTE_CURIOSITY_ONLes progrès effectués lors de la dernière décennie ne se cantonnent pas au domaine de la robotique industrielle. Le vieillissement de la population, combiné à une natalité en baisse constante ainsi qu’à un très faible taux d’immigration, force la société japonaise à plancher sur des solutions inédites pour rester économiquement compétitive. D’où l’engouement suscité par des robots de type humanoïde, capables d’occuper plusieurs fonctions, d’interagir tant avec leur environnement qu’avec les autres machines, et développant de réelles compétences d’apprentissage.

C’est cette capacité à s’adapter, ainsi qu’à échanger des informations avec d’autres machines, qui constitue la véritable nouveauté de ces robots et facilitera leur déploiement à grande échelle. Déjà, des dizaines de maisons de retraite se sont équipées de robots remplaçant les auxiliaires de vie. D’autres fonctions peuvent être remplies par ces androïdes, allant de l’accueil du public à l’accomplissement de travaux difficiles. Pepper, Emiew, ou encore Asimo, sont certes encore perfectibles, mais leur potentiel laisse augurer d’un avenir qui sera forcément robotisé. Face à de tels enjeux, le secteur de la robotique attise les convoitises et fait l’objet d’investissements de plus en plus conséquents.

Un secteur qui ignore la crise

La croissance du marché de la robotique suscite en effet l’intérêt de nombreuses entreprises. Estimé pour le Japon à 6,5 milliards d’euros en 2012, le secteur devrait peser plus de 20,5 milliards en 2020. Après avoir durant des années alignées toutes sortes de prototypes, les grandes entreprises s’apprêtent à commercialiser des robots pleinement opérationnels. Il en va ainsi de Softbank et de son robot Pepper (élaboré en partenariat avec la société française Aldebaran), de Panasonic, de Honda, d’Hitachi… En juillet 2014, le consortium i-RooBO Network Forum, rassemblant 300 des principaux acteurs du domaine a été formé, dans le but d’accélérer la recherche et de faire du Japon la vitrine d’une robotique en plein essor. Même le gouvernement, habituellement réticent aux financements publics, a dévoilé ses ambitions dans un livre blanc, et entend faire de la robotique un pilier de la croissance économique japonaise. De nombreuses subventions ont d’ores et déjà été accordées, qui devraient à terme permettre de faire baisser les prix des robots et susciter une demande massive en équipement.

Rien ne semble joué

Organisateur des Jeux olympiques en 2020, le Japon souhaite profiter de l’occasion pour mettre en place des « Jeux olympiques de la robotique », qui constitueront une démonstration du savoir-faire nippon. Pourtant, cette émulation autour de la robotique ne garantit pas au Japon de conserver sa place de leader. D’autres pays, essentiellement en Asie, élaborent eux-aussi des projets de grande envergure, notamment en matière de robotique industrielle. La Chine, principal client du Japon dans ce secteur, devrait d’ici quelques années développer ses propres robots. Ailleurs, des sociétés privées, telles que Google et Amazon, dépensent des millions de dollars dans l’acquisition d’entreprises spécialisées. Pour rester dans la course, le Japon peut compter sur un très fort investissement en matière de recherche et développement, principalement financé par le secteur privé.

Si le pays parvient à conserver sa place sur ce marché extrêmement concurrentiel, la robotique, en plus de compenser le déclin démographique, devrait constituer une véritable bulle d’oxygène pour une économie encore fragile.

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  1. Claire Aubrun
    Fév 14, 2015 - 06:32 PM

    Pas étonnant de retrouver le Japon en pointe dans un domaine technologique. Quelles conséquences sur l’économie, les emplois aura la création de tant de robots? Un peu effrayant.

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