Imaginez une salle remplie de milliers de fans venus assister à l’affrontement de dizaines de joueurs lors d’une partie du célèbre jeu de tirs Call of Duty. Au même moment, des milliers d’internautes suivent le tournoi en direct. Longtemps minoré voire ignoré, l’e-sport, ou sport électronique, est en pleine expansion dans le monde entier et suscite l’intérêt des annonceurs et des publicitaires.
Un sport ?
L’e-sport désigne une compétition où des joueurs professionnels s’affrontent en duels ou à plusieurs sur des jeux vidéo tels que League of Legends, Counter-Strike, DOTA 2 ou Call of Duty. Certains pourraient avoir la tentation de remettre en cause la notion de « sport » appliquée à cette nouvelle tendance, mais on ne peut pas nier la dimension compétitive commune à l’e-sport et aux sports dits traditionnels.
En effet, le rythme intensif des e-sportifs professionnels n’a rien à envier aux véritables sportifs : entraînements de plusieurs heures par jour, suivi physique et mental par une équipe de professionnels (entraineur, analyste, psychologue), participation à des compétitions internationales de haut niveau auxquelles assistent des milliers de spectateurs. Certains « pro gamers » ou joueurs professionnels ont même acquis une réputation mondiale et réussissent à vivre de leur passion – certains tournois offrant en effet des récompenses de plusieurs millions de dollars.
Les chiffres incroyables de l’e-sport
Selon Newzoo, entreprise internationale d’étude et de conseil spécialisée dans le jeu vidéo, 230 millions de personnes regarderaient les compétitions d’e-sport, chiffre en constante augmentation qui pourrait presque doubler d’ici 2019. Concernant les revenus générés par l’e-sport, Newzoo les chiffre à 325 millions de dollars en 2015 soit +67% par rapport à 2014. Le chiffre d’affaire global de l’e-sport atteindrait même 465 millions de dollars en 2017.
Concernant le marché de l’e-sport en France, une étude PayPal établit que le secteur de l’e-sport aurait une croissance annuelle de 14 % et générerait plus de 22 millions de dollars de chiffre d’affaire. 1,4 millions de spectateurs se connecteront en 2016 pour assister à des compétitions d’e-sport, chiffre qui doublerait en 2018…
L’e-sport : un marché à conquérir pour les marques
Pour les publicitaires, l’e-sport est donc le nouveau marché florissant à conquérir. Fin 2015, les sponsors avaient investi 579 millions de dollars. Jusqu’à présent, ce marché était occupé par des annonceurs ayant un lien direct avec l’univers de l’e-sport tels que les entreprises de technologies (Nvidia, Intel, Logitech, Asus). Aujourd’hui, ce sont des marques grand public qui investissent ce nouveau marché : Red Bull, Monster Energy, Coca-Cola… Hurrah, agence publicitaire spécialisée dans l’e-sport a d’ailleurs récemment vu le jour pour aider les annonceurs à décoder et atteindre cette nouvelle cible marketing.
Vers une fédération française de l’e-sport
Jusqu’à présent, les compétitions d’e-sport n’étaient pas légalement encadrées et étaient assimilées juridiquement à des loteries. L’engouement médiatique et économique pour l’e-sport a amené le gouvernement français à se pencher sur le phénomène afin de lui donner un cadre législatif. Le projet de loi numérique porté par Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique, a été adopté par le Sénat le 3 mai dernier. Ce texte prévoit la création d’un statut de « joueur de jeu vidéo professionnel », permettant à ceux qui participent aux tournois d’e-sport de bénéficier d’un contrat de travail spécifique et d’éviter ainsi le statut contraignant d’auto-entrepreneur. A ce projet, s’ajoute également la création de l’association France e-sport rassemblant les acteurs du sport électronique, prémices d’une future fédération française d’e-sport.
Pendant longtemps, les joueurs de jeu vidéo ont souvent été associés à une bande d’adolescents qui se retrouvaient dans un garage pour jouer. Cette époque est désormais révolue. En effet, l’e-sport est aujourd’hui un phénomène social majeur en passe de devenir incontournable. Prochainement, l’e-sport devrait être doté d’un cadre légal et ainsi gagner ses lettres de noblesse.
