Le lin est un matériau qui a été délaissé au profit du coton, puis de matériaux synthétiques. Il était pourtant la principale fibre textile utilisée au Moyen Âge et à la Renaissance. Au XIIIème siècle, sa culture se développe dans les Flandres, la Bretagne et l’Anjou. Son utilisation atteint son apogée au XVIIème, où il sert à la fabrication des fameuses toiles fines de Cambrai.

La France produit aujourd’hui 75 % du lin dans le monde. Sa culture s’étend sur plus de 75’000 hectares, et sa production engendre environ 1’300 emplois pour le teillage et le peignage, générant plus de 250 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Pourtant, 97 % de cette production part à l’étranger pour être filée. Mais le Conseil Économique Social et Environnemental s’emploie aujourd’hui à redéployer les activités de transformation sur le territoire français, après une époque de délocalisation massive liée notamment aux coûts de main-d’œuvre.

Linfini, une nouvelle filature en Bretagne

C’est sur cette nouvelle tendance que parient Xavier Denis et Tim Muller, cofondateurs d’une agence de communication Tolvek, qui ont décidé de fonder une filature en Bretagne, Linfini. « Nous avons lancé un travail de terrain de deux ans et demi pour rencontrer des acteurs de la filière, comme la filature Safilin et le fabricant de machines textiles Schlumberger »  explique Xavier aux Echos Entrepreneurs. 

Cette étape leur ayant permis de confirmer la viabilité de leur projet, Xavier et Tim valident avec leurs partenaires le procédé industriel, et prévoient un lancement de production en 2024. Ils prévoient de filer 200 tonnes de lin dès 2025 pour atteindre les 1’000 tonnes en 2027. Les deux partenaires finalisent actuellement le montage financier de leur entreprise.

Dans la même mouvance, le Département de l’Eure a choisi de mettre la filière lin en avant lors du salon international de l’Agriculture qui s’est tenu du 25 février au 5 mars 2023 à Paris. Elle sera représentée par La Linière du Ressault, au Neubourg, et la Coopérative de Teillage de Lin du Neubourg (CTLN), à Crosville-la-Vieille. 

L’Eure est à ce jour le deuxième département français producteur de lin derrière la Seine Maritime. « Le Neubourg est le carrefour mondial du lin. C’est sur le plateau qu’on trouve la plus grande transformation de teillage en France. C’est une de nos plus grandes richesses : la transformation se fait sur site » explique Jean-Louis Maurice, le PDG de la Linière du Ressault au Courrier de l’Eure.

Une plante à très faible empreinte carbone

Celui-ci ne tarit pas d’éloges sur le lin, « une plante hyper respectueuse de l’environnement. » Alors que la production d’un kilo de coton requiert de 16’000 à 20’000 litres d’eau, l’équivalent-lin n’en consomme que 400 litres. Selon lui, c’est pour cette raison que la Chine, comme l’Inde, abandonne progressivement la culture du coton au profit du lin. 

L’avantage pour les teilleurs, qui séparent la fibre des parties ligneuses de la plante, c’est que les déchets sont tous réutilisables. Les anas servent de litière pour les animaux, et sont utilisés pour la fabrication d’agglomérés. Les graines, riches en omégas 3, alimentent les volailles et rentrent dans la fabrication de savon et de linoléum.

Depuis la crise Covid et les nouvelles prises de consciences qui en découlent, le lin gagne du terrain auprès des consommateurs. « Ce n’est pas la matière la moins chère, mais qualitativement, il n’y a pas meilleur que le lin. Et ça dure longtemps », souligne Jean-Louis Maurice.

La fibre de lin française est réputée comme la meilleure au monde. Le renouveau du lin a démarré en 2002 avec des surfaces cultivées de lin graine multipliées par trois en cinq ans, tandis que celles du lin fibre sont passées de 30.000 à 75.000 hectares durant la même période. 

Avec ses atouts écologiques, ainsi que sa qualité textile, le lin français devrait avoir de beaux jours devant lui.

Sources des photos : france3-regions.francetvinfo.fr et usinenouvelle.com et bretagne-economique.com