La France a annoncé, dans le cadre de son Plan de relance, une dotation de 7 milliards d’euros d’ici fin 2030 pour développer la filière de l’hydrogène vert. Cette démarche s’inscrit dans le plan « France Relance » de 100 milliards d’euros visant notamment à accompagner la transition vers une économie plus verte et durable, pour la partie écologie. L’Europe participe à hauteur de 40 milliards à ce plan de relance dans le cadre de NextGenerationUE.
Qu’entend-on par hydrogène vert ? L’hydrogène, obtenu par électrolyse, est dit vert si la source d’électricité utilisée pour sa production est décarbonée et renouvelable, comme celle provenant de barrages hydrauliques, d’éoliennes ou de panneaux solaires.
Les objectifs de la filière hydrogène vert sont de déployer 6,5 GW par électrolyse, d’éviter le rejet d’environ six millions de tonnes de CO2, et de créer de 50.000 à 150.000 emplois directs et indirects. Un défi que la France a semble-t-il les moyens de relever. « L’Hexagone est particulièrement bien représenté par ses nombreuses entreprises, leaders dans le domaine de l’hydrogène et dans leur propre secteur d’activité », explique Pierre-Etienne Franc, directeur de l’activité Hydrogène monde d’Air Liquide.
Quatre projets de gigafactories en cours
Air Liquide est à ce jour le seul acteur français à opérer des unités de production d’hydrogène vert à grande échelle, en France comme à l’étranger. Il a ainsi permis à l’hexagone de se faire une place sur le devant de la scène mondiale. Il va notamment inaugurer prochainement au Québec le site de Bécancour, plus grande unité d’électrolyse à membrane du monde.
Afin de mener à bien le développement de cette filière, une collaboration étroite entre tous les acteurs du secteur est indispensable.
Au moins quatre projets de gigafactories sont déjà en cours à Belfort, Béziers, et dans le Haut-Rhin. Et des industriels comme McPhy ou John Cockerill prévoient des usines qui permettront de fabriquer les électrolyseurs capables de produire à terme plus d’un gigawatt d’hydrogène.
A ce jour, le secteur de l’hydrogène vert compte près de 230 acteurs, dont 37 grands groupes et 110 PME-PMI. Parmi quelques exemples récents, le parc éolien de Bouin, en Vendée, s’apprête à devenir pionnier dans la production d’hydrogène vert à partir de l’eau de mer en quantité industrielle. Grâce à la start-up Lhyfe, ce sont 300 kg d’H2 qui seront produits quotidiennement et distribués via des stations-services équipées.
Réduire les coûts pour être compétitif
En attendant de faire bénéficier le fret maritime de l’hydrogène vert, les plaisanciers peuvent désormais naviguer avec l’Hynova 40, le premier bateau fonctionnant à l’hydrogène vert, et mis au point par Chloé Zaied. Dans la Drôme, la start-up Ergosup a mis au point un procédé innovant de production d’H2 par électrolyse à très haute pression. Elle propose des bornes décentralisées, qui peuvent permettre le chargement de groupes électrogènes-H2 ou de vélos à hydrogène.
Avec la filière hydrogène, la France tient à mettre toutes les chances de son côté pour être compétitive face au géant chinois. Elle tient ainsi à éviter de renouveler le fiasco des panneaux solaires photovoltaïques, dont la production est massivement partie en Chine. La Chine a en effet lancé une stratégie hydrogène ambitieuse en 2020 selon un récent rapport de la Commission de régulation de l’énergie.
« La France n’a pas à rougir de son plan hydrogène qui est l’un des plus ambitieux du monde, avec celui de l’Allemagne » estime François Kalaydjian, directeur « économie et veille » à l’IFP Energies nouvelles. Les montants alloués sont conséquents, et 2 des 7 milliards annoncés seront alloués sur deux ans. Selon lui, un objectif majeur sera de réduire les coûts de production : « La production à grande échelle dans les gigafactories permettra de dégager des économies d’échelle ». En effet, à ce jour, l’hydrogène vert est encore trois à quatre fois plus cher que le gris, produit à partir d’énergies fossiles.
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