La science s’intéresse à un phénomène que la plupart des parents remarquent souvent sans pour autant se l’expliquer : filles et garçons n’interagissent pas de la même manière face à la technologie. De nombreuses études démontrent aujourd’hui que ces comportements peuvent être liés à des caractéristiques cérébrales propres au genre.
Selon une enquête réalisée en 2017 par le Pew Research Center sur 800 adolescents (âgés de 12 à 17 ans), 41 % des garçons avouent passer trop de temps sur les jeux vidéo contre 11 % des filles interrogées. Ces statistiques sont inversées en ce qui concerne les réseaux sociaux. Ces derniers créent davantage d’addiction chez les jeunes femmes : 49 % d’entre elles affirment devenir anxieuses en l’absence de leur smartphone, contre 35 % des jeunes hommes sondés.
Ces chiffres tendent à prouver que les garçons sont majoritairement touchés par la sphère technologique des jeux vidéo tandis que les adolescentes sont davantage sensibles aux réseaux sociaux.
Des faits prouvés scientifiquement
Mais plus que des sondages, de véritables analyses scientifiques confirment cette tendance. Ainsi Larry Cahill, professeur en comportement et neurobiologie à l’université de Californie, soutient qu’il est possible « d’un point de vue neurologique » qu’il y ait une « composante biologique » justifiant ces disparités.
Ces hypothèses sont confirmées par une étude approfondie du cerveau de jeunes gens des deux sexes. L’équipe de Marc Potenza, professeur en psychiatrie à l’université de Yale, composée de nombreux spécialistes chinois, a étudié cette idée grâce à l’imagerie par résonnance magnétique (IRM). L’équipe de chercheurs s’est concentrée sur la partie du cerveau concernée par la dépendance et l’état de manque. Lorsqu’ils montraient des images de personnes jouant aux jeux vidéo aux adolescents, la zone du cerveau étudiée s’est vue beaucoup plus réceptive chez les garçons que chez les filles. Plus encore, après cette expérience, la région cérébrale encline à la toxicomanie des garçons se montrait davantage activée chez ces derniers.
Ce constat laisse donc à penser que les garçons seraient beaucoup plus sensibles à l’addiction des jeux vidéo. Aussi, de nombreux spécialistes soutiennent que le mode multi-joueurs en ligne représenterait pour les jeunes hommes une forme d’interaction sociale connectée.
Les filles, davantage touchées par les réseaux sociaux ?
Si les filles paraissent peu touchées par l’addiction aux jeux vidéo, il semble néanmoins que les réseaux sociaux les affectent plus que les garçons. Selon Rosanna Guadagno, psychologue sociale à l’université de Stanford, cela se justifie par l’attrait des filles à créer du lien social tout en retrouvant des similitudes avec d’autres jeunes femmes. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 32 % des adolescentes interrogées par le Pew research Center confessent se sentir seules en l’absence de leur smartphone (contre 20 % de garçons).
Ces chiffres sont une nouvelle fois appuyés par la science qui tente d’expliquer pourquoi les filles semblent être plus soucieuses d’être sociales, utiles, compréhensives et généreuses que les garçons. Une équipe de l’université de Zurich est partie de l’hypothèse que les filles ont tendance à être altruistes tandis que les hommes sont plus égoïstes. L’étude du cerveau de sujets des deux sexes a corroboré cette théorie. Ainsi, l’étude portant sur le choix de garder une récompense monétaire ou de la partager avec d’autres a prouvé que le cerveau des filles était plus stimulé dans le deuxième cas. Tout le contraire s’est produit avec les garçons.
Ces données ne plaisent cependant pas à la majorité, notamment car ces théories développeraient des stéréotypes de genre. La communauté scientifique se défend de cela en affirmant qu’il est désormais prouvé que certains traits biologiques cérébraux d’hommes ou de femmes expliquent quelques uns des comportements liés à la technologie. Les études scientifiques ne mêlent toutefois pas les résultats des analyses aux questions de développement personnel et d’éducation des adolescents. Ces aspects seraient sûrement intéressants à prendre en compte avant de tirer certaines conclusions.
