Une fille de pêcheurs originaire de Sète à la tête de Facebook, l’histoire n’est pas banale. A trente-deux ans, Fidji Simo dirige aujourd’hui une équipe de 350 ingénieurs au sein de l’entreprise californienne. La jeune femme y a gravi les échelons marche après marche pour diriger aujourd’hui deux des pôles les plus importants du réseau social, les vidéos et les médias, le plus consulté au monde, dont elle a été promue vice-présidente l’an passé.
De Sète la paisible à l’effervescence de la Silicon Valley
Un père marin-pêcheur, une mère qui tient une boutique dans le vieux-Sète…rien ne prédestinait Fidji Simo à se retrouver à la tête d’une des entreprises les plus puissantes de la Silicon Valley. Très éloignés du monde numérique, ses parents lui transmettent pourtant l’esprit d’entreprise : « l’idée de bosser dur pour se créer des opportunités », se souvient-elle.
Rapidement Fidji Simo rêve d’Amérique et obtient une bourse à l’université de Californie de Los Angeles lors de sa dernière année en école de commerce. « J’étais fascinée par la diversité de cultures et d’opinions, mais aussi par l’ambition sans complexe des Américains ». Elle décroche un stage chez eBay où elle est engagée pendant trois ans au département stratégie e-commerce, puis postule chez Facebook en envoyant une candidature spontanée dans laquelle elle se met en scène via un « séminaire-Web ».
Une ascension éclair au sein d’un groupe en pleine expansion
Dès son intronisation, Fidji Simo passe à la conception de produits, un domaine plus créatif qui correspond mieux à son tempérament. Son absence de connaissances techniques n’a d’ailleurs jamais été un frein: « Je ne sais pas coder, mais l’important quand on est manageur produit est de savoir poser les bonnes questions ».
D’abord chargée de simplifier la gamme des produits publicitaires sous contrat, la Française se voit confier le développement de la publicité sur mobile dès 2013, un segment qui représente alors seulement 11 % des revenus du groupe.
Elle persuade les annonceurs qui jugeaient l’écran des téléphones portables trop petit, et fait grimper la part des recettes publicitaires de moitié en un an, un canal qui représente aujourd’hui l’écrasante majorité des profits « pub » de l’entreprise qui, face à ce succès, lui confie la direction de son pôle vidéo en plein boom.
La mise en concurrence des plateformes vidéo en vogue
A l’époque, la majorité des vidéos partagées sur le réseau social ne sont encore que de simples liens vers YouTube. Fidji Simo innove avec l’« autoplay », un format dans lequel les vidéos se déclenchent automatiquement dans le fil d’actualités. « Les utilisateurs découvrent de cette manière des contenus sur lesquels ils n’auraient pas forcément cliqué », et le format plait rapidement aux annonceurs qui peuvent placer plus de publicités dans le fil d’actualité et toucher plus facilement les internautes.
Déjà en réussite avec le département vidéo, la Californienne d’adoption va prendre en charge les produits médias avec le même aplomb. « Facebook Live » naît d’une table-ronde avec des célébrités qui organisent ponctuellement des sessions de questions-réponses avec leurs fans, via la section commentaire, et qui souhaitent pouvoir le faire par le biais de vidéos en direct qui leur sont spécialement dédiées.
Une nouvelle réussite qui conditionne le futur de l’entreprise
Le succès de « Facebook Live » est tel que l’entreprise décide de rendre l’outil disponible à tous les utilisateurs au printemps 2016, avec pour volonté de concurrencer Periscope et Snapchat. Persuadé que ce mode de communication va supplanter l’écriture et les photos, Mark Zukerberg est déterminé à faire de la vidéo « le cœur de tous les services et applications » proposés par Facebook.
Des vidéos improbables récoltent des millions de vues, venant confirmer la nouvelle direction prise par le groupe. Bien que Facebook communique très peu sur les chiffres, le nombre de « Live » aurait quadruplé en un an.
D’autres innovations de poids sont actuellement à l’étude
La native de Sète s’attèle aujourd’hui à muscler encore davantage l’offre vidéo de Facebook à travers des partenariats avec d’autres médias attirés par l’audience extraordinaire (presque deux milliards d’utilisateurs) du réseau social. Les utilisateurs peuvent désormais suivre des évènements sportifs, les Jeux olympiques, ou politiques, l’investiture de Donald Trump, en direct.
Fidji Simo veut faire évoluer la manière de consommer ces vidéos via un onglet rassemblant les contenus vidéo en fonction des profils des différents utilisateurs, concurrençant ainsi encore plus YouTube. Le vœu de Mark Zukerberg est de proposer davantage de vidéos de format court mis en ligne par des légions de créateurs de contenus moyennant rémunération. L’entreprise teste un système de publicités de quinze secondes au milieu de certains de ces « Live », mais le « business model » est encore flou.
Facebook veut aussi concurrencer les services de streaming
Une véritable menace pour les chaînes de télévision, mais aussi pour les services de streaming comme Netflix ou Amazon. Car Mark Zuckerberg lorgne sur ce gâteau publicitaire substantiel, plus élevé que celui de la publicité en ligne (35 % du total contre 5 %). Une montagne de nouveaux objectifs qui devrait satisfaire l’appétit insatiable de la Française qui va devoir s’occuper également de la lutte contre la propagation des « fake news » sur la plate-forme.
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