Notre modèle de société basé sur la croissance n’est plus. Il est en chantier et doit être profondément repensé afin d’être reconstruit. « Sacrée croissance », le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin, témoigne de cette réalité et présente des solutions alternatives au capitalisme industriel.
Femme aux multiples casquettes, Marie-Monique Robin est avant tout une journaliste d’investigation d’exception. Elle a notamment reçu les prix Albert Londres et Rachel Carson en 1995 et 2009 et a été décoré de la Légion d’honneur.
Après avoir plongé dans l’univers controversé des grandes sociétés industrielles avec « Le monde de Monsanto », cette dernière revient avec un documentaire fort qui présente, face au gaspillage mondial, une sélection d’initiatives qui sont en train de faire leurs preuves. Comment, par des actions concrètes, locales et solidaires, certains réussissent à lutter contre le dictat économique dominant ? Marie-Monique Robin tente d’y répondre
L’histoire d’une cassure irréparable
« Sacrée croissance » se concentre sur quatre thèmes principaux : l’agriculture urbaine, l’évolution énergétique des villes, les monnaies locales ainsi que les indicateurs alternatifs concernant la richesse et le bonheur.
D’un côté les hauts dirigeants de ce monde, les politiques et toutes celles et ceux qui prônent une quelconque forme de capitalisme. De l’autre, une partie de la population qui ne souhaite pas « suivre le troupeau » et qui rêve d’une société moins matérielle et d’un monde plus humain. Alors que les premiers ne jurent que par la croissance, les seconds imaginent des solutions afin de trouver un « échappatoire » au productivisme et à la consommation de masse.
De nos jours, les deux camps semblent ne plus se comprendre et se regardent en chiens de faïence. Une réconciliation semble donc hautement compromise et le temps ne fait rien à l’affaire.
« L’abondance matérielle finira par s’arrêter »
Le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin se focalise sur cette cassure définitive et sur un 21ème siècle qui, selon les experts présents dans le film, ne connaitra pas de croissance. Les paramètres sont nombreux, unanimes et formels. « « L’abondance matérielle finira par s’arrêter » rappelle un des intervenants. « Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste » déclare malicieusement un autre.
« Sacrée croissance » présente un monde à deux visages. D’une part celui qui voit ses Etats se noyer dans la crise et, de l’autre, celui où des irréductibles insoumis préconisent une politique écologique basée sur le développement durable.
Regarder l’économie avec des yeux différents
A travers le monde, certains ont pris l’initiative de chercher un idéal en marge de notre société capitaliste. De l’Asie aux Amériques en passant par l’Europe, les exemples sont nombreux. En voici quelques-uns :
Au Népal, certains villages se déclarent autosuffisants dans le domaine énergétique, et ce grâce au biogaz et à la micro-hydro-électricité. Le Bhoutan, lui, a développé une politique unique et révolutionnaire. Le roi a en effet instauré un concept de « bonheur national brut » (BNB), un indice basé sur les valeurs spirituelles bouddhistes.
En Argentine, plus précisément à Rosario, des fermiers se sont regroupés en coopérative et produisent des légumes « bio » près du centre-ville. Une façon de prétendre à une souveraineté alimentaire. Au Brésil et dans le sud de l’Allemagne, des monnaies locales sont misent en circulation via des banques communautaires. Un rapport à l’argent à contre-courant de l’économie actuelle destiné à un nouveau public nommé « prosommateurs », mot-valise des termes « producteur » et « consommateur ».
Deux formes d’économie dans un seul monde
Diffusé pour la toute première fois sur la chaîne franco-allemande Arte, le nouveau documentaire de Marie-Monique Robin fait déjà beaucoup de bruit. Face à cette croissance qui semble s’éteindre avec notre siècle, des alternatives voient le jour un peu partout sur les cinq continents.
Certains y verront des initiatives prometteuses, voir salvatrices. D’autres, une conception idéaliste et irresponsable d’une société qui, pour ceux-ci, tient parfaitement la route. Un seul point commun semble réunir la terre entière : personne ne sait de quoi demain sera fait.
