Si 2008 a été l’année de l’effondrement boursier, nombreux sont ceux qui retiennent leur souffle pour 2015. En attendant, d’autres affûtent leurs armes, bien décidés à semer la panique dans les systèmes informatiques, les hackers s’en prennent désormais aux grandes organisations financières ainsi qu’au commerce en ligne. Dans un monde orchestré par la science des algorithmes, un nouveau genre apparaît : l’e-krach ou comment semer une panique informatique.
Beaucoup d’observateurs, d’analystes s’interrogent sur le fait que depuis 1987 ce sont succédées des crises économiques et financières mondiales au rythme implacable d’une tous les sept ans. La dernière en date fut celle d’un krach boursier d’une ampleur gigantesque. Aujourd’hui, les mêmes personnes pointent l’année 2015 avec des scénarios toujours des plus alarmistes. Rien de tel pour que le hacker y trouve un terrain où il pourra semer encore plus de confusion.
Le profil d’un hacker est tout sauf celui d’un héros des temps modernes, il ressemble à votre plus proche voisin, à cet étudiant discret qui ne fait pas d’histoire. C’est avant tout un passionné, un virtuose qui ne vit que pour la maîtrise de son art : s’infiltrer. Et connaître les secrets de la programmation, démonter l’architecture des systèmes d’information et des réseaux. Discret mais entouré, faisant partie d’une communauté partageant la même passion, il fait partie des milliers de programmateurs anonymes qui partagent entre eux leurs exploits aux quatre coins du monde. Ils sont nés avec Internet, rien ne leur échappe.
Pirates contemporains
Depuis l’avènement d’Internet, une nouvelle génération de pirates a vu le jour ; si le but est toujours celui de s’accaparer la richesse d’autrui, les moyens, eux, ont bien changé. Adieu les voyages sur les mers, aujourd’hui c’est la toile qui souffle dans les voiles. Ces hackers malhonnêtes dévalisent sans bouger de leurs fauteuils et réalisent des casses avec comme outils une simple souris. Rien que depuis 2013, ce sont des bandes organisées qui ont pu s’installer dans les systèmes bancaires et, selon les estimations, ont ainsi dérobé entre 300 millions et un milliards de dollars.
Récemment, Kaspersky vient d’en faire les frais. Souvent annoncé comme le meilleur anti-virus, il vient d’être une des victimes de ces nouveaux hackers. Depuis deux ans une centaine de banques de 30 pays différents ont été attaquées, principalement en Russie, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Chine, d’autres pays venant progressivement s’ajouter à la liste. Les pirates, eux, sont russes, ukrainiens et chinois.
Dans les radars de la police internationale
Une guerre est déclenchée. Bien décidée à ne pas se laisser impressionner, l’organisation Europol fait la chasse au virus. Début février, les polices européennes ont mis fin aux dégâts. Il aura fallu cinq ans pour éradiquer un virus présent depuis 2010 ayant causé des dégâts dans plus de 3 millions de PC à travers le monde.
Les éditeurs de sites marchands comme Amazon ne sont hélas pas à l’abri d’intrusion et d’opérations malveillantes. Le hacker sait s’emparer des mots de passe et détourner les transactions. Rien de tel pour instaurer un climat de défiance de la part des consommateurs, ainsi le géant du commerce électronique n’exclut pas de voir ses actions chuter de près de 50 %, ce qui représenterait une perte de 70 milliards de dollars. Si cela n’affectait que de riches entrepreneurs et actionnaires on pourrait verser une larme de compassion, hélas tout ce qui touche à la bourse se transforme en différents fonds spéculatifs. Avec une telle perte c’est une partie des retraites de millions d’Américains qui se verrait sacrifiée !
Les bitcoins dans la mire des hackers
Monnaie d’échange virtuelle, le bitcoin est apparu dès les années 2010. Il s’agit d’un système de paiement exclusivement sur le réseau Internet ainsi qu’une unité de compte. De nombreuses entreprises se chargent ensuite de convertir ces unités en monnaies sonnantes. Le site MtGox, principale plateforme d’échange, a dû rendre l’âme en à peine un mois. La raison est encore chuchotée mais tout porte à croire que derrière le viseur se trouve une fois encore un de ses pirates informatiques. Des hackers auraient réussi à s’emparer de plus de 400 millions de dollars, une fois les bitcoins convertis.
Le piratage des bases de données est à l’origine de ces détournements. Là encore la confiance est écornée, et si ce système a pu connaître un boom, aujourd’hui c’est le krach qui menace. Début janvier, en quelques jours sa valeur a perdu près de 30 %.
Alerte maximum, la finance tremble
C’est l’agence de presse Reuters qui le dit : « Les spécialistes de la cybersécurité connaissent d’innombrables moyens par lesquels des hackers peuvent semer le chaos en piratant des infrastructures essentielles ou en infiltrant les systèmes informatiques d’entreprises pour dérober des données ou procéder à de l’espionnage industriel, mais c’est ce qu’ils ignorent encore qui les inquiète le plus. »
Plus concis mais pas moins édifiants, les propos de Keith Alexander, directeur de la NSA qui prédit « que les cyberattaques vont gagner en ampleur ».
Le monde de la finance est en alerte, la fragilité des systèmes informatiques apparaît au grand jour. Les temps à venir vont être mouvementés, le virtuel ayant ses limites.
Quelles précautions à prendre ?
Difficile à trouver de réels moyens de protection efficace, encore plus complexe lorsque l’on est une entreprise et que la vie et les échanges se passent essentiellement à travers le réseau Internet. Les failles sont nombreuses, les pirates se jouant des complexités comme autant de défis à relever. Il existe de vrais professionnels qui proposent des solutions de protection, cela une entreprise ne peut y échapper. Mais nous, les usagers de la vie quotidienne avec nos achats en ligne, nos banques reliées à notre clavier, comment échapper à ces attaques ? On pourrait changer nos mots de passe tous les jours, sauvegarder des données et les mettre à l’abri, on risque de passer notre temps à poser des verrous là même où le cambrioleur saura trouver une nouvelle faille.
Dans un monde de plus en plus virtuel, peut-être que le retour au bon sens risque de devenir un mode d’emploi pas si ridicule… Favoriser les achats comme au bon vieux temps, de gré à gré. Cesser l’usage de comptes en ligne pour le commerce. Retrouver un peu plus de contacts aussi. De là à revenir au bas de laine peut-être pas tout à fait, mais revoir nos modes de consommation c’est certain.
Avr 02, 2015 - 09:30 PM
Sujet passionnant. En se développant à la vitesse grand V, la société numérique se fragilise. Quand on sait que les ordres de bourses se font maintenant à la nanoseconde, il y a de quoi s’inquiéter.