Le métavers (ou métaverse), tout le monde en parle et personne ne sait vraiment de quoi il s’agit. Il faut dire que c’est un concept un peu flou, englobant à peu près tout et rien. Le métavers, c’est en fait l’idée d’un monde virtuel, qui serait connecté au monde réel. Un concept un peu « borderline » entre la « vraie vie », le Web, la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Autrement dit, le métavers, c’est la promesse de pouvoir dans le futur se rendre virtuellement dans des espaces réels, ou d’interagir réellement dans des espaces virtuels. C’est l’idée par exemple de faire ses courses ou de se rendre à un concert, une pièce de théâtre ou à une consultation médicale sans quitter son salon, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle.
Le concept intéresse donc tous les acteurs de notre économie et de notre vie quotidienne, à commencer par les GAFAM et les concepteurs de jeux vidéo, mais aussi les acteurs de la grande distribution, du monde du spectacle, des administrations, des établissements d’enseignement, des musées…
La Chine, un pays virtuellement coupé du monde
Autant dire que s’il est un pays dans le monde où l’accès au métaverse pose question, c’est bien la Chine. Associer un monde virtuel, sans frontière, et un pays bien réel dans lequel les données personnelles, les échanges, les transactions, les comportements et les idées sont sous contrôle ne va pas de soi.
La Chine a depuis des décennies développé son propre environnement numérique, avec ses propres réseaux sociaux ou systèmes de messagerie, ses propres entreprises de e-commerce, ses propres systèmes de paiement en ligne, ses propres règles en matière de jeu en ligne ou de monétisation… Elle se passe ainsi des GAFAM et leur préfère les BATX (pour Baidu Alibaba Tencent Xiaomi).
Vers un métavers chinois
Ces dernières années, la Chine s’est parfois trouvée réticente face à des technologies qui pouvaient lui faire perdre le contrôle. Elle s’est par exemple très vite montrée opposée à l’utilisation de la technologie blockchain, supportant les cryptomonnaies et les NFT.
Concernant le métavers, les autorités de Pékin ont préféré prendre les devants et créer leur propre environnement, selon leurs propres règles.
Les autorités chinoises ont récemment annoncé la mise en place du « Metaverse Innovation and Development Plan » un grand plan sur deux ans, visant à développer un metavers 100% « Made in China ».
Selon ce plan, les premières évolutions devraient voir le jour dans les secteurs de l’éducation et du tourisme. Parallèlement, les autorités locales se lancent également dans la course. A Shanghai, des projets de métavers adaptés au monde des affaires et aux administrations sont à l’étude. Ces projets incluront notamment l’utilisation du Yuan numérique, la cryptomonnaie officielle chinoise, ainsi que le NFT. Les municipalités du Wuhan et Hefei se sont également engagées en ce sens.
Des enjeux économiques et culturels
L’objectif de la Chine est de faire de sa faiblesse une force. En transformant sa peur de voir son contrôle numérique sur la population débordé par les avancées technologiques étrangères (notamment américaines), la Chine prend le contrepied et tente de devenir un acteur majeur, pourquoi pas un leader sur le marché du Metaverse.
Le projet s’inscrit désormais dans la stratégie globale numérique du pays, en relation avec la mise en place du crédit social, de la reconnaissance faciale et d’autres outils sur lesquels Pékin fonde son contrôle.
Un enjeu de politique intérieure donc, mais pas uniquement. En devenant un acteur incontournable du métavers, la Chine espère bien y développer son soft-power, imposer son modèle économique, et pourquoi pas même culturel et politique.
Photos : cryptoast.fr / clubic.com / lesnumeriques.com
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