Des Beatles à Adele en passant par David Bowie, Coldplay ou Oasis, le Royaume-Uni est la source de plusieurs générations d’artistes reconnus mondialement. La scène britannique s’était globalement montrée hostile au Brexit, pour des raisons d’universalité tout d’abord, mais aussi par crainte d’un impact sur l’industrie du disque du pays. La chanson anglaise s’exporte très bien, notamment chez ses voisins européens, mais le Brexit pourrait donner un coup de frein au secteur.
L’industrie musicale britannique n’a pourtant jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Elle contribue pour 4,4 milliards de livres au PIB du Royaume-Uni et a connu une croissance de 16 % en 2016. Ses ventes à l’export sont passées à 365 millions de livres l’an dernier (+11%). À lui seul, Le troisième album d’Ed Sheeran a été écouté en streaming plus d’un milliard de fois aux États-Unis et s’est classé en tête des ventes dans neuf pays de l’Union européenne.
La difficulté pour les artistes de circuler
La première inquiétude concerne la liberté de circulation des artistes. Avec la fermeture des frontières, ils pourraient se voir appliquer les mêmes procédures que les musiciens venant de pays hors Union européenne. La France, par exemple, impose l’obtention d’un permis travail pour ces artistes. Si ces formalités administratives sont plutôt habituelles pour les musiciens venant des États-Unis, elles seront une nouvelle contrainte pour les professionnels venus du Royaume-Uni peu habitués à la pratique.
Derrière les têtes d’affiche, de nombreux artistes émergeant viennent se produire en concert en Europe continentale. L’obtention des autorisations nécessaires pour les hommes mais aussi pour le matériel et éventuellement l’existence de taxes d’importation pour les instruments et les produits de merchandising, pourrait les pousser à raccourcir leurs tournées et ainsi rester inconnu du public de l’Union européenne. À terme, c’est la qualité et la diversité de la scène britannique qui pourrait pâtir de cette situation.
Un risque d’augmentation du coût des productions
L’autre motif d’inquiétude des professionnels britanniques de la musique est l’augmentation sensible des coûts de productions des albums. L’impact se fait déjà sentir 18 mois après le vote. Selon Chris Wright, cofondateur de Chrysalis Records, la baisse de la livre sterling qui en a résulté a contribué à l’augmentation du prix des téléchargements sur ITunes. Dans le même temps, elle a également causé une augmentation des tarifs des tickets de concerts et des coûts des équipements nécessaires à leur organisation.
De plus, l’industrie musicale britannique pourrait rencontrer des soucis dans le domaine du copyright. Jusqu’à présent, elle se conformait aux législations européennes qui ont en particulier permis à ses artistes d’être protégés pour 70 ans pour leurs œuvres. Si la pratique devrait rester la même, le Royaume-Uni perdra un échelon de lobbying avec le Brexit. Les législateurs britanniques risqueront de se retrouver seuls face à des prédateurs puissants comme Google et prendre des décisions allant à l’encontre de l’intérêt des artistes.
Une industrie suffisamment forte pour résister au Brexit
Toutefois, les conséquences d’un Brexit pourraient au final s’avérer mineures pour l’industrie musicale britannique. Tout d’abord, le marché américain reste le principal client de ses artistes alors même qu’aucun accord commercial facilitant les échanges n’ait été signé entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Enfin, le répertoire britannique est extrêmement dense et il existe peu de produits de substitution sur le continent. Les Européens vont continuer à acheter de la musique venue de Grande-Bretagne.
Le Brexit ne devrait pas impacter l’industrie musicale britannique dans sa globalité et les têtes d’affiches continueront à tourner en vendre sur le continent. Toutefois, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait en saper les bases. Le secteur n’est pas construit uniquement sur ses superstars, mais également sur des artistes en devenir et renouvelant les courants musicaux. L’augmentation probable des coûts pourrait amener les labels à se concentrer sur ceux rapportant le plus, au risque d’asceptiser l’offre.
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