En réalisant une levée de fonds record de 100 millions d’euros, Sigfox va étendre son réseau cellulaire bas débit destiné aux objets interconnectés sur l’ensemble de la planète. Retour sur cette entreprise promise à un brillant avenir.
Connaissez-vous le « M2M » ? Il s’agit littéralement de l’internet « Machine to Machine », qui permet de connecter entre eux des objets sans intervention de l’homme. Il s’agit aussi de l’une des évolutions émergentes de la connectivité les plus prometteuses. En parvenant à réunir 100 millions d’euros de la part d’investisseurs comme GDF Suez, Air Liquide et Eutelsat, Sigfox reçoit un solide soutien dans la course technologique à venir, ainsi qu’une enviable valorisation d’un milliard d’euros.
Qu’apporte la technologie développée par Sigfox ?
Sigfox a été créée en 2009 à Labege, dans la banlieue toulousaine, par son fondateur et directeur scientifique Christophe Fourtet. L’idée brillante à la base de la création et du succès de l’entreprise réside dans le déploiement d’un réseau cellulaire bas débit, peu couteux, simple d’utilisation et très économe en énergie basé sur l’UNB ou Ultra Narrow Band. Il est destiné à permettre l’échange de données entre objets, de façon automatisée. On parle ainsi d’internet de l’objet (IdO) ou de connexion « M2M ». Ainsi que Christophe Fourtet l’explique lui-même : « depuis vingt ans, les fabricants d’électronique n’avaient d’yeux que pour les téléphones mobiles et l’augmentation des capacités et des flux[…]La technologie Ultra Narrow Band, quelque peu oubliée, est parfaitement pertinente quand vous avez un cloud pour gérer le volume et la complexité, tout en gardant un protocole simple, fiable et optimisé pour des milliards d’objets en attente de ce lien ».
En effet, de très nombreux objets de la vie courante pourraient voir leur utilisation révolutionnée par l’adjonction d’une connexion internet leur permettant de recevoir des données, mais le coût trop élevé des systèmes de réseaux cellulaires existants, de même que leur trop grande gourmandise en termes d’énergie, rendait jusqu’alors la propagation de ce type de procédés impossible à mettre en œuvre à grande échelle sur des appareils par exemple dépourvus de batterie ou présents à des millions d’exemplaires et représentant donc autant de connexions et de communications à financer.
Une révolution à venir pour notre quotidien
La pertinence du procédé de Sigfox n’a pas été longue à être reconnue, puisque chaque jour, de nouveaux projets utilisant cette technique voient le jour sur les sites de crowdfunding ou au sein d’entreprises déjà installées. C’est le cas du fabricant d’alarmes Veritas Direct en Espagne, qui a signé dès septembre 2014 avec l’opérateur français.
Les projets relevant du tracking (cette technologie permettant de géo-localiser des objets comme un téléphone ou une voiture par exemple) sont friandes du procédé, puisque celui-ci pourrait permettre la géo-localisation d’objets de plus en plus petits de façon plus précise. La connaissance précise et immédiate de la localisation de vos objets personnels, d’un colis postal, d’un animal domestique ou de marchandises en cours de livraison est ainsi rendue économiquement et techniquement réalisable. Cela peut également permettre de savoir quasiment en temps réel (les mises à jour peuvent aller jusqu’ à une fois toutes les dix minutes) si un objet est déplacé, ou s’il quitte un périmètre défini d’avance, d’où le fantastique intérêt des entreprises de sécurité et de tout fabricant d’objets de valeur. L’absence de mouvement peut être détectée elle aussi, ce qui offre des perspectives plus qu’intéressantes en vue notamment de la surveillance des personnes âgées ou en difficulté. Un appareil ménager qui contacte lui-même le service après-vente en cas de panne, une porte qui vous prévient lorsque vous avez oublié de la fermer à clé… Les applications sont infinies.
La société Sigfox et son réseau à bas coût, bas débit et basse consommation ont donc un avenir brillant devant eux. Déjà déployée en France, en Espagne, en Grande-Bretagne, au Danemark, aux Pays-Bas, au Portugal et en Belgique, ainsi que dans plusieurs villes des USA, d’Amérique du Sud ou d’Asie, la start-up toulousaine compte sur cet argent frais obtenu en février de cette année pour essaimer de façon plus étendue aux USA, au Japon, en Corée du Sud et en Amérique latine.
Le nombre de partenariats internationaux contractés par Sigfox en vue d’implanter sa technologie sur des réseaux d’antennes existants a plus que doublé en un an. Le développement de la présence de ce type de réseau, de même que ses applications, ne devraient pas décélérer de sitôt !
