Fondé en 2016 par Matthieu Pigasse, Xavier Niel et Pierre-Antoine Capton, Mediawan pèse déjà plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires grâce au rachat récent de Lagardère Studios. Portrait d’une success-story.
Quand ils se lancent dans l’aventure Mediawan en décembre 2015, Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse savent où ils veulent en venir. Les trois hommes d’affaires rêvent d’une grosse société de production d’audiovisuel capable de rivaliser sur le moyen terme avec les grandes firmes américaines. Quand Capton espère « avoir la capacité de s’adresser à Netflix ou Amazon », Pigasse annonce que le trio prépare « un big-bang dans la production en Europe ». Dès 2020, l’objectif est en passe de devenir concret : Mediawan pèse un milliard d’euros de chiffre d’affaires après seulement cinq ans d’existence.
Pour arriver à cette influence si rapide, le groupe s’appuie sur une ascension maîtrisée et un savoir-faire clinique en matière de business. Les protagonistes ne sont plus à présenter : il y a Xavier Niel, fondateur de Free et entrepreneur né, Matthieu Pigasse, banquier de prestige et ancien directeur de Lazard, et enfin Pierre-Antoine Capton, producteur, fondateur de la société 3e Œil productions. Les trois associés intègrent plusieurs sociétés dans leur groupe qu’ils introduisent en bourse dès avril 2016 : une levée de fonds de 250 millions d’euros est réussie pour l’introduction, ce qui constitue un apport suffisant pour franchir un palier dès l’année suivante. En 2017, Mediawan frappe son premier grand coup et acquiert pour 280 millions d’euros AB Productions, une société de production de séries (Friends, Engrenage…) disposant d’un impressionnant catalogue en Europe.
Mediawan c’est une vingtaine de rachats stratégiques en trois ans
Cette acquisition fait donc vite basculer le jeune groupe parmi les poids-lourds de l’audiovisuel européen. En trois ans, Mediawan accumule une vingtaine de rachats stratégiques pour gonfler la taille de son groupe, jusqu’à une nouvelle étape décisive conclue à l’automne 2020. Début novembre, les trois hommes d’affaires annoncent en effet avoir mis la main sur Lagardère Studios, la branche audiovisuelle du groupe Lagardère, en grande difficulté depuis plusieurs années. Ce rachat permet à Mediawan d’intégrer le marché finlandais, hollandais ou encore africain.
Concrètement, le groupe piloté au quotidien par Pierre-Antoine Capton, le président du directoire, occupe plusieurs terrains : la production de films, de fictions et de séries (Storia Télévisions, Making Prod, Vema Production…), d’émissions télévisées et de chaînes de télévision (RTL9, AB1, Automoto…). Depuis 2017, c’est par exemple Mediawan qui fournit le plus de prime-time aux différentes chaînes de télévision françaises. Parmi les programmes lui appartenant, citons, pour les plus connus, La flamme, Dix pour cent, Apocalypse, Section de recherche ou encore Le nom de la rose.
Qui sera la prochaine cible de Mediawan ?
L’idée est donc de poursuivre dans cette voie et de suivre l’exemple de Stéphane Courbit, l’homme d’affaires français qui a réussi à faire fusionner EndemolShine avec Banijay pour créer le plus grand groupe audiovisuel au monde : « un exemple pour nous », confirme Capton. Pour parvenir à leurs fins, les trois actionnaires lancent à l’été 2020 une offre publique d’achat (OPA) pour acquérir plus de 85 % du capital du groupe. Validée par l’autorité des marchés financiers, l’OPA conduite par le trio (associé à la mutuelle MACSF et au fonds d’investissement KKR) offre un ancrage français mais surtout une plus grosse part décisionnaire aux trois hommes, soucieux de moins dépendre de la Bourse dans la conduite de leurs futurs projets.
Si aucun nom n’a filtré en ce qui concerne l’identité des prochaines cibles de Mediawan, il est probable que dès 2021, le groupe préparera une nouvelle évolution dans sa jeune histoire, surtout qu’il ne semble pas impacté par la crise liée à la pandémie de Covid-19. Conformément à son objectif, il ne serait pas surprenant de voir Mediawan entrer en négociations avec les géants de l’audiovisuel américain afin de poursuivre son ascension éclair.
Photos : cnetfrance.fr / lesechos.com / Lalettrea.fr
