La FAO a créé il y a environ un an un remue-ménage dans le monde de l’alimentation en publiant un rapport recommandant de manger plus… d’insectes. Aberration ou incontournable évolution ? La consommation d’insectes est une réalité dans de nombreux pays. Pourrait-elle devenir une nouvelle habitude en France ? Quelques start-up en font déjà l’expérience…
La croissance démographique mondiale et l’inexorable épuisement des ressources qui en découlent vont nous amener à repenser nos modes de consommation, en particulier alimentaire. La viande, qui constitue aujourd’hui un produit de base de notre alimentation occidentale et dont la consommation est pour la plupart d’entre nous une évidence, va vite devenir un produit de luxe. Elle l’est déjà dans de nombreuses régions du globe et cette réalité finira à coup sûr par gagner les pays développés.
Les insectes comme alternative à la viande
Heureusement, des aliments alternatifs existent, autre que les saucisses de soja ou steaks de haricots rouges. Grillons, criquets, sauterelles, fourmis et autres insectes sont des aliments comestibles au même titre que les bovins ou la volaille et font déjà partie de l’alimentation de nombreuses populations de par le monde. Quel que soit la réaction qu’ils inspirent – perplexité, dégoût ou curiosité – il faut bien se rendre à l’évidence qu’ils feront sans doute partis de la nôtre à plus ou moins long terme…
Plusieurs entrepreneurs ont déjà compris que la commercialisation d’insectes propres à la consommation pouvait devenir un business juteux. L’entreprise de vente de ce produit la plus ancienne est sans doute le site internet www.insectescomestibles.fr qui commercialise depuis 2009 des produits fabriqués à partir d’insectes ou des insectes nature, proposant même des packs découverte pour les novices les plus réticents.
Dans la région toulousaine, la start-up Micronutris va bien plus loin. Elle est la première entreprise française spécialisée dans l’élevage et l’élaboration de produits à base d’insectes comestibles destinés à l’alimentation humaine. Les insectes sont élevés dans le Sud de la France en suivant des procédures compatibles avec la finalité alimentaire et respectueuses des insectes et de l’environnement. Micronutris travaille ensuite avec des entreprises agro-alimentaires pour développer des produits propres à la consommation à partir de poudre d’insectes et d’autres ingrédients dans le respect des principes d’une alimentation durable et saine.
La start-up Jimini’s s’est quant à elle spécialisée dans la préparation et la commercialisation de crickets et de vers de farine destinés à l’apéritif. Les insectes cuisinés par Jimini’s sont mis en vente sur leur site internet. Curry Fruité, Sésame & Cumin ou encore Ail & Fines Herbes, l’insecte se décline pour tous les goûts à l’apéro Jimini’s !
Des avantages économiques et écologiques
Ces entreprises enregistrent aujourd’hui un bon chiffre d’affaire et assurent que la réaction des consommateurs est étonnement positive. D’après Cédric Auriol, le fondateur de Micronutris, le public a compris l’intérêt de l’entomophagie, le doux nom donné à la consommation alimentaire d’insectes. La production d’insectes a un coût économique et environnemental dérisoire par rapport à celui de la production de viande. Avec dix kilos d’aliments, on produit un kilo de bœuf, cinq kilos de volaille et… 9 kilos d’insectes ! Par ailleurs, l’élevage industriel d’insectes rejette beaucoup moins de gaz à effet de serre que l’élevage bovins ou de volaille et pose moins de problèmes logistiques. Les insectes sont bien plus riches en protéines, minéraux et vitamines que les autres viandes. D’un point de vue purement nutritif, consommer des insectes pourrait supplanter la viande en satisfaisant nos besoins en protéines et minéraux.
Les entreprises spécialisées dans la production d’insectes à vocation alimentaire semblent donc avoir un bel avenir devant elles… Le seul hic est qu’elles se heurtent, en France, à un flou juridique dû à une réglementation européenne appelé Novel Food, une loi que les états européens interprètent à leur façon. Les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont été, sur la question, plus souple que la France dont l’interprétation de la loi rend la commercialisation d’insectes en théorie interdite sur son sol. En pratique, elle est néanmoins tolérée mais les entomophages déplorent le fait que la réglementation ne soit pas plus claire et qu’entrepreneurs et consommateurs en pâtissent.
Et la gastronomie dans tout cela ? Certes la consommation d’insectes présente de nombreux avantages nutritifs, économique et écologiques, certes la barrière psychologique se fait de plus en plus poreuse, certes c’est une pratique ancestrale et toujours très courante en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine. Il n’empêche que dans un pays aussi fier de sa gastronomie et attaché à ses traditions culinaires que la France, peut-on imaginer qu’on cuisinera un jour de la blanquette de sauterelles, du pot-au-feu aux vers de farine ou du grillon bourguignon ? L’avenir nous le dira…
Juil 15, 2014 - 10:28 PM
L’appétit vient en mangeant paraît-il. J’ai gouté une fois des criquets au Cambodge. Passé le premier dégout, ce n’est pas mauvais.
Sep 29, 2014 - 04:30 PM
Super Article ! On était passé à côté 😉 Merci !