Avec l’annonce de la création de l’AEEC le 28 août dernier, la Chine montre sa volonté de se repositionner sur le marché mondial de l’aéronautique. L’Aero Engine Corporation of China va regrouper plusieurs entreprises publiques, parmi lesquelles l’avionneur Avic, pour la production de moteurs d’avion.
Cette nouvelle entreprise sera dotée d’un capital de 50 milliards de yuans (environ 6,7 milliards d’euros) et devrait employer 100.000 personnes selon les sources officielles chinoises. Le président Xi Jinping, lors de cette annonce relayée par la chaîne de télévision CCTV, a affirmé que cette création allait « contribuer au développement de l’industrie aéronautique chinoise, renforcer la défense nationale et la prospérité du pays ».
Des moteurs pour les avions militaires
Le premier objectif visé par Pékin est la production de moteurs militaires, étape indispensable avant de passer au civil. La Chine était jusqu’ici très en retard dans le domaine, produisant uniquement des moteurs dérivés de modèles russes pour ses avions militaires. D’après un spécialiste en aéronautique cité par Le Monde, il n’y avait rien pour l’aviation commerciale. Le moteur est la partie la plus difficile à construire dans un avion mais aussi la plus rentable puisqu’il rapporte à son fabricant au moins deux fois son prix de vente pendant toute sa durée d’exploitation.
Actuellement, le constructeur chinois Comac (Commercial Aircraft Corporation of China) achète ses moteurs à CFM International, une coentreprise de l’américain General Electric et du français Safran, les deux plus gros motoristes mondiaux avec le britannique Rolls-Royce et l’américain Pratt & Whitney.
Cette nouvelle stratégie de la Chine en matière d’aéronautique avait déjà été marquée en juin dernier par l’officialisation de la création d’une société regroupant l’avionneur chinois Comac et le russe UAC pour la production d’un avion long-courrier.
Ces dernières années, la Chine a revu sa structure en matière d’aéronautique, démantelant le géant AVIC, entreprise publique qui englobait tous les métiers de l’aéronautique, de la construction d’avions à la production de moteurs, trop lourde à gérer. Pékin s’aligne ainsi sur le modèle européen, ambitionnant de faire de Comac l’Airbus chinois et de l’AECC un concurrent sérieux de Safran ou Général Electric.
Premier vol pour le C919 fin 2016
Grâce à cette restructuration, la Chine commence à rattraper son retard en matière d’aéronautique. L’avion régional AR21 produit par la Comac vole 3 fois par semaine. Quant au moyen-courrier C919, futur concurrent de l’Airbus A320 ou du Boeing 737, malgré ses deux ans de retard il “avance vite” aux dires des sources chinoises. Les équipes de Comac travaillent jour et nuit pour pouvoir assurer son premier vol avant la fin de l’année 2016.
Les avions de la Comac seraient technologiquement très proches de l’A320 Neo ou du 737 Max, les derniers modèles de ses concurrents. Par contre ils pêchent jusqu’ici par leur manque de fiabilité et un taux de pannes trop élevé, faute d’expérience suffisante. Un point faible sur lequel les Chinois devront plancher pour pouvoir se positionner auprès des compagnies aériennes.
Avec cette nouvelle stratégie, la Chine affirme son ambition de devenir la troisième puissance mondiale dans l’aéronautique derrière l’Europe et les Etats-Unis.
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